Cinquante ans de luttes pour la décolonisation du Sahara occidental

International • Fondé en 1973, le mouvement indépendantiste du Front Polisario continue à revendiquer un référendum d'autodétermination contre l'occupant marocain.

Drapeaux sahraouis au Sahara occidental. (Daniel Bobadilla)

Le 10 mai 1973 naissait le Front Polisario (Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro). Suite au soulèvement (Intifada) pacifique et historique de Zemla en 1970 contre la colonisation espagnole, le mouvement s’était constitué par la rencontre de deux groupes de militants nationalistes. Il s’agit d’étudiants sahraouis à Rabat, dont Mohamed El Ouali Ould As-Sayed et des nationalistes sahraouis réfugiés à Zouerate, en Mauritanie.

Dans la foulée de sa création, le Polisario entame une lutte armée dès le 20 mai de la même année, avec l’attaque et l’occupation d’un poste militaire espagnol à Khanga, suivi par d’autres actions, notamment à Tifariti et Bir Lahlou. Deux ans plus tard, et conformément à la demande de l’Assemblée générale de l’ONU, le comité de décolonisation décidait, le 27 mars 1975, d’envoyer une mission en visite au Sahara occidental et dans les pays voisins pour faire des propositions pour la décolonisation du territoire. Après la publication du rapport de cette mission, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye se pencha sur le statut juridique de ce territoire avant sa colonisation par l’Espagne en 1884. Le 16 octobre 1975, la Cour rendit son avis consultatif et se prononça en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui. Une décision peu prisée à Rabat.

Invasion marocaine de 1975

Immédiatement après cet avis, le Maroc décide d’envahir le Sahara occidental, malgré les diverses interventions de l’ONU, suivi de la signature, le 14 novembre 1975 à Madrid, d’accords entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie pour la partition de ce territoire non autonome. L’invasion militaire du territoire se heurte alors à une vive résistance de la part du Front Polisario.

Durant les années qui suivent, la question sahraouie devient célèbre au sein des instances continentales et internationales, notamment après l’annonce de la création de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1976 (aujourd’hui devenue membre à part entière et fondateur de l’Union africaine), suite au retrait de l’occupant espagnol, alors que l’Assemblée générale des Nations unies adoptait la résolution 34/37 (1979) reconnaissant entre autres, le Front Polisario comme représentant légitime du peuple sahraoui. Au fil du temps, le Maroc s’implante de plus en plus dans l’ancienne colonie et construit entre 1980 et 1987 plusieurs «murs de séparation» (ou «murs de la honte» selon ses opposants) doté de systèmes de surveillance, de batteries d’artillerie ou de champs de mines. Ceux-ci visent à couper la route de l’Atlantique au Polisario et à verrouiller la frontière mauritanienne ou algérienne (du fait que de nombreux réfugiés sahraouis vivent à Tindouf), renforçant le contrôle du Maroc sur plus de deux-tiers du territoire sahraoui, tout en promouvant une politique de peuplement marocain des terres.

Détermination à imposer un référendum d’autodétermination

Dans ce contexte de commémoration, le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali a souligné depuis Alger et à l’occasion de ce cinquantenaire que le Front Polisario «réitèrait son engagement ferme et son attachement à l’objectif suprême de permettre au peuple sahraoui l’exercice de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination et à l’indépendance, à l’instar de tous les peuples et pays colonisés».

De son côté, le Premier ministre et membre du secrétariat national du Front Polisario, Bouchraya Hamoudi Bayoune, a tenu à préciser que l’organisation d’un référendum d’autodétermination «est la seule option» pour le règlement du conflit au Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975.

D’autant plus, explique-t-il, que cet important évènement intervient dans un contexte «particulier» marqué par la poursuite de la lutte armée le 13 novembre 2020, reprise suite à la violation du cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 par le Maroc, après l’agression de civils sahraouis qui manifestaient pacifiquement contre l’ouverture par le Maroc d’une brèche illégale dans la zone tampon d’El-Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental. A cette situation s’ajoute le changement de cap du gouvernement espagnol de Pedro Sanchez. «L’Espagne considère que l’initiative d’autonomie présentée en 2007 (par le Maroc) est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend entre Rabat et les indépendantistes du Front Polisario», déclarait le 18 mars 2022 le chef de la diplomatie ibère José Manuel Albares, cédant ainsi aux exigences marocaines sur le dossier du Sahara occidental.

(avec porunsaharalibre.org)