Un possible gouvernement du PSC en ligne de mire

Catalogne • A l'occasion des élections régionales, l'addition des voix du PSC, d'ERC et de Comuns Sumar atteint le minimum de 68 députés, assez pour que le socialiste Salvador Illa puisse tenter de former un gouvernement. (par Pablo Elorduy, paru dans El Salto, adapté par la rédaction)

Parlement de Catalogne au Parc de la Ciutadella à Barcelone. (theone)

Salvador Illa, candidat du PSC (Parti socialiste catalan), pourrait être le premier président non-indépendantiste de Catalogne depuis 2010 s’il est soutenu par la gauche dans le prochain Parlement. Tout au long de la nuit, l’option d’un Tripartit 2.0, formé par le PSC, ERC (Gauche républicaine) et Comuns Sumar (gauche radicale) a été l’un des principaux centres d’intérêt d’une élection marquée par la difficulté de deviner une formule de gouvernement. Finalement, à 5% près, le PSC a gagné son 42e député et l’option d’un gouvernement tripartite a été rouverte, même si les socialistes tenteront de lier leurs partenaires sur la base d’accords législatifs.

En termes d’importance et de volume, ERC est le parti qui s’en sort le moins bien. Il a perdu plus de 150’000 voix, très probablement beaucoup d’entre elles au profit du parti de Salvador Illa et d’autres, moins nombreuses, au profit de Junts (indépendantistes de centre-droit, dont le leader est Carles Puigdemont). En termes de sièges, la conclusion est claire: le parti d’Aragonès a perdu treize sièges, tandis que le PSC en a gagné neuf et Junts, trois. Lors de son intervention, Aragonès a annoncé qu’il serait dans l’opposition, mais qu’un processus de négociations s’ouvrait dans lequel, bien que l’ERC n’entre pas au gouvernement, un accord-cadre complexe sera nécessaire pour unir les objectifs de la loi d’amnistie et de la gouvernabilité, tant à Madrid qu’à Barcelone.

La gauche alternative perd de l’altitude

Les Comuns menés par Jessica Albiach, candidate à la présidence de la Generalitat de Catalogne, résistent à l’implosion de l’espace politique «pour le changement», mais s’essoufflent en dehors de Barcelone. Ils perdent le siège obtenu en 2021 à Tarragone et un siège dans leur fief de Barcelone.

Le parti d’Ada Colau (ancienne maire de Barcelone), qui apparaissait pour la première fois depuis les élections de 2015 sans Podem (Podemos, dans le reste de l’Espagne), a commencé la campagne électorale avec le slogan que le psychodrame de la gauche espagnole, qui avait débouche sur un scénario électoral désastreux au Pays basque en avril et une débâcle en Galice en février, n’allait pas s’étendre à une région «qui a toujours fonctionné différemment du reste du territoire». Les Comuns obtient six sièges et la possibilité d’entrer dans un éventuel gouvernement tripartite dirigé par Salvador Illa.

De son côté, la Candidature d’unité populaire (CUP), coalition indépendantiste de la gauche anticapitaliste, dirigée par Laia Estrada a perdu cinq sièges au Parlement et retrouve ses chiffres de 2017 et 4 élus. Le parti aux couleurs jaunes ne détient plus qu’un député à Gérone et se retrouvent sans siège à Lérida et Tarragone, perdant ainsi l’un de leurs principaux atouts: avoir une représentation parlementaire pour l’ensemble du territoire catalan.

Il est totalement exclu que la CUP entre dans un gouvernement. Avec les partis indépendantistes de Junts et ERC, ils atteignent à peine les 60 députés pour une majorité qui s’élève à 68. Le retour progressif du parti de Carles Puigdemont dans les eaux du «business as usual» invite aussi la CUP à rompre ses liens affectifs avec les partenaires qu’elle a soutenus durant la procédure de souveraineté catalane de 2021-2022. L’option de soutenir de l’extérieur un Tripartit formé par le PSC, l’ERC et Comuns Sumar semble également très éloignée de l’ADN de la CUP.

A noter aussi que le parti d’extrême droite Vox obtient 8 % des voix et 11 élus, alors que la droite classique (PP) décroche 15 sièges.

En attendant le feuilleton de l’investiture qui pourrait se prolonger jusqu’à l’été, la certitude est que la nuit a été mauvaise pour la gauche, mais qu’elle aurait pu être bien pire.