La montée de l’extrême droite provoque la victoire du parti travailliste

International • Le retour de Nigel Farage et de son nouveau parti «Reform», qui a recueilli 15 % des voix en Angleterre, presque toutes prises au parti conservateur, a permis au parti travailliste de gagner 211 sièges et de disposer d'une majorité absolue de près de 100 sièges.(Par Andy Snoddy)

Kier Starmer, nouveau Premier ministre. (Rwendland)

Le parti conservateur a perdu 250 sièges et ne dispose plus que de 121 sièges sur les 650 que compte le parlement britannique. Le système électoral archaïque du Royaume-Uni signifie que le pourcentage de voix obtenues n’est souvent pas reflété dans le nombre de sièges au parlement. Les travaillistes remportent 34% des voix et obtiennent 412 sièges, alors que les conservateurs engrangent 24% des suffrages et 121 élus. Pour Réform, le score est de 14% et 4 sièges et pour les Libéraux, 12% des voix et 71 élus. Quant aux Verts, ils ont 7% des voix et 4 sièges.

Règne calamiteux

Il n’est pas surprenant qu’après quatorze années de règne calamiteux des conservateurs, le peuple britannique ait rejeté ce parti. Il ne s’agit pas seulement de l’austérité, des coupes dans les prestations sociales et de la crise du coût de la vie, mais aussi des scandales politiques qui n’en finissent pas. Les compagnies des eaux privatisées déversent des eaux usées directement dans les rivières, tout en versant des millions de livres de dividendes à leurs actionnaires. Boris Johnson organisait des soirées arrosées dans la maison du premier ministre alors que le reste du pays suivait les règles de confinement. Le budget extrême de Liz Trust a provoqué une crise économique. De plus, elle est au centre d’un scandale de jeux d’argent, où des députés conservateurs et des policiers ont parié sur la date des élections pour remporter des gains.

De toute évidence, il ne s’agissait pas d’un vote pour les travaillistes, mais d’un vote contre les conservateurs. Les électeurs ont voté pour les candidats qui avaient le plus de chances de battre ce dernier parti. C’est pourquoi le parti libéral a réussi à remporter 71 sièges avec seulement 12% des voix.

Les 34% de voix du parti travailliste sont inférieurs aux 40% obtenus par Jeremy Corbyn sur un programme de gauche en 2017, lorsque les conservateurs ont remporté plus de sièges et formé un gouvernement. Le parti travailliste n’a pratiquement pas suscité d’enthousiasme au cours de cette campagne. Ils ont fait campagne avec le slogan «Changement», tout en promettant de poursuivre les politiques conservatrices : pas d’augmentation d’impôts pour les riches, pas d’amélioration des prestations sociales, fondamentalement pas de changement. Ces dernières années, Kier Starmer a expulsé des milliers de membres, dont Jeremy Corbyn. Il a empêché les membres de gauche d’être sélectionnés comme candidat. Il est déterminé à refaire du parti travailliste un parti de centre similaire aux Démocrates américains.

A gauche, les Verts ont vu leur représentation au parlement passer d’un à quatre sièges et quatre activistes palestiniens, qui avaient fait campagne contre le parti travailliste en raison de son tiède soutien à la Palestine, ont été élus dans des quartiers du centre-ville où la population musulmane est importante. Les divers courants communistes et trotskistes n’ont eu aucun impact.

En Ecosse, le vote en faveur du parti travailliste a fortement augmenté et le SNP, qui s’est présenté avec un programme social-démocrate de gauche, a perdu la majorité de ses sièges. Toutefois, le soutien à l’indépendance se maintient autour de 50%.

Au Pays de Galles, le parti conservateur a été balayé et n’a remporté aucun siège. Plaid Cymru, qui souhaite l’indépendance du pays de Galles, a doublé sa représentation, passant de deux à quatre sièges des 34 sièges gallois.

En Irlande du Nord, le Sinn Fein est désormais le plus grand parti, mais il refusera de siéger dans ce qu’il considère comme un parlement étranger.

Si la droite reste divisée, elle a peu d’espoir de revenir au pouvoir et certains conservateurs cherchent déjà à s’allier, voire à fusionner, avec Reform.

La classe populaire aura besoin des syndicats pour faire pression sur le parti travailliste afin qu’il introduise des réformes en sa faveur.