Un dimanche en couleurs

suisse • Suite à l'acceptation de l’initiative de l'USS pour une treizième rente AVS, la gauche exulte.

Ce n’est pas tous les jours que la gauche enregistre une avancée sociale en Suisse. Autant dire que l’approbation de la 13ème rente plébiscitée par 58% de la population et par 15 cantons suscite l’enthousiasme dans les partis et syndicats. «Ce dimanche 3 mars 2024 demeurera dans les mémoires de toutes et tous comme le signe d’une Suisse solidaire et respectueuse de ses aînés», estime l’AVIVO-Suisse. «Le pouvoir d’achat en recul depuis plusieurs années pour les personnes à la retraite sera quelque peu compensé et cela empêche une nouvelle détérioration des prestations. Cela montre que le mouvement ouvrier a toujours du poids et de l’importance en Suisse», estime Matteo Antonini, président de syndicom. «Après avoir distribué des milliards aux grandes entreprises et aux multinationales pendant des années, la majorité bourgeoise doit comprendre que le tour de la population est venu. Pour le PS Suisse, il est clair que la prochaine étape est le plafonnement des primes d’assurance-maladie», prévient le parti.

Pour l’USS, la mise en œuvre de l’initiative doit se faire rapidement. Elle rappelle aussi que «la 13e rente AVS ne résoudra toutefois pas à elle seule tous les problèmes de pouvoir d’achat» et tout comme le PS fait référence à la votation du 9 juin sur  la limitation à 10 % du revenu pour les primes d’assurance-maladie (initiative d’allègement des primes). «Il reste un important besoin de rattrapage en matière de salaires. Et la charge que les primes d’assurance-maladie font peser sur la classe moyenne dépasse désormais la limite du supportable». Et d’ajouter: «Nous devrons aussi combattre la réforme du 2e pilier qui arrive. Elle passera en votation populaire cet automne. Mais nous avons encore un peu de temps avant ça. Le temps de nous réjouir d’une victoire historique pour les gens qui font tourner le pays au quotidien, pour leurs revenus à la retraite».

«Le relèvement de l’âge de la retraite soutenu par les associations patronales a clairement fait naufrage dans le même temps. Les salarié-e-s exerçant des professions exigeantes sur le plan physique et ceux des branches à bas salaires auraient été particulièrement touchés par le relèvement de l’âge de la retraite», précise le syndicat Unia, fier que la «base syndicale ait battu les millions de l’économie».

«Seulement 25 initiatives populaires avaient passé l’étape décisive de la double majorité lors des votations depuis 1893. 25 sur 227 ! Le vote d’aujourd’hui est le résultat d’un vote de classe. Les partis bourgeois, jamais mieux nommés, ont peiné à défendre devant leur électorat le refus d’une mesure qui améliorerait à la fois le présent de milliers de personnes, et le futur de dizaines de milliers d’autres», estime le Parti suisse du Travail (PST-POP), qui rappelle l’importance fondamental de cette assurance par répartition. Assurance sociale la plus équitable, l’AVS oblige l’employeur et les plus hauts revenus à contribuer proportionnellement et sans plafonnement à la retraite de celles et ceux qui ont travaillé par le passé. Plus encore, elle opère une répartition des richesses, bien qu’insuffisante et différée. La victoire de ce 3 mars est une première étape vers un rééquilibre des revenus», souligne le parti.

A l’avenir, il entend défendre des mesures ambitieuses visant notamment une augmentation du volume des cotisations AVS afin d’augmenter le niveau des rentes, de renforcer la répartition au détriment de la capitalisation et de viser à terme la retraite à 60 ans, voir plus tôt pour les métiers pénibles. «Sortir du système des trois piliers, ancré dans la Constitution, les lois et les mentalités depuis des décennies, représenterait un énorme changement pour la Suisse et il ne sera pas aisé d’y parvenir. Mais ce sera le seul moyen de répondre aux enjeux actuels tout en garantissant à chacun une fin de vie sans travail et dans la dignité, avec une pleine place dans la société», analyse-t-il.

Et chez les perdants? L’union suisse des arts et métiers (USAM) regrette le verdict des urnes et annonce qu’elle «combattra avec véhémence d’éventuelles augmentations de pourcentages salariaux ou hausses de la TVA, ainsi que toute forme de nouvel impôt ». Quant à l’Union patronale suisse (UPS), elle estime qu’«accepter la réforme LPP n’en est que plus important». L’après 3 mars est déjà lancé.