Le Portugal vire à droite

Portugal • Le Parti socialiste sort à la seconde place des élections avec 28,6 % des suffrages contre 29,4% à l'Alliance démocratique (AD), mais perd 43 sièges, passant de 120 à 77 sur 230 à l'Assemblée nationale. Le Parti communiste portugais (PCP) obtient 4 sièges.

Luis Montenegro remplace Antonio Costa.(European People’s Party)

La dernière législature, entamée en 2022, n’a pas été de tout repos pour le Premier ministre portugais, Antonio Costa et son parti, le PS. Le 7 novembre 2023, le ministère public avait ordonné la perquisition de 42 sites, dont le bureau du Premier ministre, le ministère de l’Environnement et de l’Action climatique et le ministère de l’Infrastructure, afin d’enquêter sur la corruption active et passive et les malversations liées à trois transactions: des concessions pour l’extraction de lithium dans le nord du Portugal, un projet d’usine de production d’hydrogène vert et un projet de centre de données, tous deux situés à Sines. Les perquisitions avaient abouti à l’arrestation de cinq personnes, dont le chef de cabinet du Premier ministre António Costa. Deux mois plus tard et après concertation avec les partis, le président Marcelo Rebelo de Sousa appelait à des élections anticipées en mars 2024.

A l’issue du scrutin, l’Alliance démocratique vire en tête, mais ne gagne que 2 sièges, passant de 77 à 79 sièges. Le vrai vainqueur de l’élection serait à chercher du côté du parti d’extrême-droite, Chega, qui récolte 18,6 % des voix, mais gagne 36 sièges, passant de 12 à 48. Pour mener sa campagne, son leader André Ventura, qui s’était présenté à l’élection présidentielle en 2021, a tout misé sur la dénonciation de la corruption des partis traditionnels et de l’immigration. Supporter de Jair Bolsonaro lors des élections présidentielles au Brésil, André Ventura, avocat et ancien commentateur sportif, est dans la ligne de Vox en Espagne. «Nous sommes un parti conservateur en matière de coutumes, libéral en matière d’économie, national en matière d’identité et personnaliste», décrivait-il ainsi son parti en 2019. En janvier 2020, alors que la députée Joacine Katar Moreira, née en Guinée-Bissau, défendait une proposition de loi visant à restituer aux anciennes colonies portugaises leur patrimoine, il provoque un tollé au Parlement en proposant qu’elle soit «rendue à son pays d’origine».

Pour le PS, c’est la soupe à la grimace. Tout en expliquant que sa formation serait le premier parti d’opposition, le secrétaire général du PS, Pedro Nuno Santos a déclaré qu’il n’empêcherait pas la formation d’un gouvernement d’AD. «Nous n’approuverons pas les motions de rejet et nous sommes également reconnaissants qu’aucune motion de confiance ne soit déposée, car nous ne les approuverions pas non plus», a-t-il précisé.

A la gauche du PS, le Bloc de gauche (BE) obtient 4,46 % des suffrages et conserve ses 5 députés. Quant au Parti communiste portugais (PCP), allié au Verts, il décroche 3,30 % des voix, passant de six sièges à 4. «Le résultat obtenu aujourd’hui par AD est indissociable des choix faits par le gouvernement PS. La promotion de la politique de droite au cours des dernières années, qui a généré des injustices et des mécontentements légitimes face à l’accumulation de difficultés de la part des travailleurs et du peuple, a favorisé les discours démagogiques, en particulier celui de Chega», estime le parti.

«Les travailleurs et le peuple peuvent compter sur la CDU (Coalition démocratique unitaire) pour être plus courageuse que jamais, pour défendre leurs droits, pour s’opposer aux intérêts des groupes économiques et des multinationales, pour affirmer les valeurs d’Avril et ce qu’elles représentent en termes de construction d’un Portugal progressiste et souverain», annonce le PCP.

Fondé en 2014 à Porto, le parti éco-socialiste  et européiste Libre (Livre), emmené par Rui Tavares obtient, quant à lui, 3,26% des voix et décroche 4 sièges (+3).