Les Canariens dénoncent un modèle touristique nocif

Espagne • Le sur-tourisme frappe de plein fouet les îles Canaries. Une manifestation populaire pour changer de modèle s'est tenue le 20 avril à Las Palmas.

«Alors que la classe politique s’enorgueillit des chiffres records de l’afflux massif de touristes dans nos îles et se targue de milliards de bénéfices, nous détenons un autre record de pauvreté et d’inégalité sociale, avec plus de 35% de la population menacée de pauvreté et d’exclusion sociale, plus de 13% d’extrême pauvreté et un taux de chômage de 20%», a dénoncé la fédération Ben Magec-Ecologistes en action des Iles Canaries. Ce 20 avril, la population est descendue dans la rue à leur appel pour rappeler que le territoire a «des limites».

«L’accès à un logement décent devient de plus en plus difficile, dû, entre autres, à l’occupation excessive de l’immobilier en raison de la forte croissance des résidences secondaires ou de l’achat de logements par des non-résidents», a souligné encore la fédération Ben Magec-Ecologistes, qui dénonce aussi une surexploitation des aquifères accompagnée d’une crise de l’eau et des atteintes aux zones naturelles protégées de plus en plus saturées et polluées.

Face à cette situation, la coalition a demandé aux autorités «de s’engager en faveur d’un modèle socio-économique différent, qui réponde à la crise écologique actuelle» et réclamant un moratoire touristique et des éco-taxes. «Les institutions publiques doivent prendre des mesures nécessaires pour atténuer l’embourgeoisement que leurs politiques néolibérales ont favorisé, pour passer à un modèle fiscal plus redistributif qui distribue la richesse, qui ne privatise pas les profits tout en socialisant les pertes», a précisé la fédération.

Soutien de la gauche combative

La mobilisation était soutenue par la gauche combative. «Le gouvernement des îles Canaries doit prendre position en faveur de la majorité sociale des îles et non du côté des employeurs et des intérêts commerciaux», a souligné Luisa Tamayo,coordinatrice de la Gauche unie (IU), citée par Monde ouvrier. Soutenant la mobilisation, le Parti communiste local a analysé l’anomalie selon laquelle le secteur touristique des îles représente plus de 70% du PIB, alors que le secteur primaire génère 1,2 % du PIB et n’emploie que 20’000 travailleurs directs, tandis que plus de 60% des terres arables des îles Canaries sont inutilisées. «Nous nous éloignons de plus en plus de la souveraineté alimentaire, énergétique, technologique, économique, etc», a critiqué le PCC.