Conditions dantesques à New Delhi

Travail • Les employés d'Amazon en Inde vivent de vraies journées de supplice dans la chaleur. (Par Andy Snoddy)

Alors que le monde se réchauffe et que les gouvernements ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs de réduction des émissions de carbone, les travailleurs sont confrontés à des conditions de travail de plus en plus difficiles. Les multinationales telles qu’Amazon, propriété de Geoff Bezos, dont la fortune personnelle est estimée à 209 milliards de dollars, continuent d’ignorer les problèmes de leurs employés. Cet été, en Inde, les températures ont dépassé les 50°. Les travailleurs de l’entrepôt d’Amazon India à Manesar près de New Delhi ont déclaré qu’ils avaient de plus en plus de mal à faire face aux conditions de travail dangereuses, ignorées par la direction.

Une travailleuse, qui a requis l’anonymat, a décrit un incident survenu le 16 mai, au cours duquel les employés de l’entrepôt auraient été invités à travailler sans interruption et sans pause pour atteindre leurs objectifs. «Ce jour-là, nous avons eu du mal à atteindre l’objectif fixé, qui était plus élevé que d’habitude; il y avait peut-être des soldes. Vers 16h30, un responsable nous a exhortés à travailler plus dur, puis un autre nous a demandé de tendre les bras et de promettre: « Nous ne prendrons aucune pause, nous ne nous arrêterons pas pour boire de l’eau ou aller aux toilettes tant que nous n’aurons pas atteint nos objectifs« ».

Malgré la chaleur intense, les 2’000 travailleurs de cet entrepôt ont dû endurer des journées de travail de 10 heures, debout, en s’efforçant d’atteindre ce qu’ils décrivent comme des objectifs déraisonnablement élevés, pour un salaire d’environ 100 francs suisses par mois.

«Les salles de pause désignées sont petites et insupportablement chaudes, de sorte que de nombreuses travailleuses finissent par se reposer dans les salles de bain pendant leurs pauses. Cependant, les directeurs viennent nous chercher s’ils estiment que nous sommes restés trop longtemps, et ils font pression pour que nous retournions au travail», a-t-elle déclaré.

Les conditions difficiles ne se limitent pas aux zones de pause. Un ouvrier a raconté que plusieurs collègues s’étaient évanouis à cause de la chaleur intense, mais qu’on leur avait donné un comprimé de paracétamol et qu’on leur avait demandé de reprendre le travail après s’être reposés pendant 10 à 15 minutes.

Les travailleurs des zones où les produits et les paquets sont chargés et déchargés des camions sont confrontés à des conditions particulièrement difficiles. «Les remorques restent au soleil pendant deux à trois heures, ce qui rend leur intérieur brûlant. Pourtant, on attend de nous que nous les déchargions en seulement cinq minutes», explique-t-il.

Président de l’Association des travailleurs indiens d’Amazon (AIWA), Dharmendra Kumar a déclaré que ces conditions de travail difficiles ont conduit les travailleurs à se syndiquer pour tenter de faire valoir leurs revendications. Il a affirmé que les plaintes déposées auprès d’Amazon et du ministère du travail n’ont donné lieu à aucune action.

Nitesh Kumar Das, un organisateur de l’AIWA, a aussi décrit l’aggravation des conditions de travail: «De nombreux travailleurs luttent contre ces conditions, cherchant de l’aide dans des endroits inadéquats et rencontrant des difficultés pour accéder aux nécessités de base comme l’eau et les pauses pendant les périodes d’activité intense. Il est impératif que les entreprises comme Amazon accordent la priorité au bien-être de leurs travailleurs en mettant en œuvre les mesures de protection nécessaires, notamment en offrant une compensation supplémentaire pour le travail à des températures élevées et en garantissant l’accès à l’hydratation.»