Tout un programme!

Édito • Quelques semaines après le refus du peuple de soutenir le train des mesures fédérales pour les médias, nous devenons un mensuel, prouvant notre conviction que la presse à un avenir.

Entendons-nous sur ce terme. Loin d’une course à l’instantanéité numérique, de la surcharge informationnelle nivelante (infobesité), de l’info-divertissement, notre pari se résumera en trois mots : informer, réfléchir et combattre.

Face au déferlement des messages, notre projet veut chercher une information alternative sur le monde, en traitant des sujets laissés de côté par la presse traditionnelle, en donnant aussi la parole à celles et ceux qui l’ont rarement. Et diffuser des informations politiques, sociales ou culturelles, en relation avec les mouvements de la gauche combative, écologique, féministe ou d’entraide avec les migrants et migrantes. Trier dans l’actualité, faire émerger la face cachée des dominations, parler des luttes des salariés et salariées et des résistances des populations ignorées, côtoyer les réalités dans des reportages ou des interviews, faire émerger la participation, voilà notre engagement.

Mais on ne saurait en rester là. Il nous parait aussi nécessaire de susciter le recul de la réflexion. Dans un monde saturé d’informations, il convient de questionner le monde, de prendre du recul pour analyser ce qui nous arrive collectivement. Que cela soit à travers des experts, de chercheurs ou de simples citoyens, nous ouvrirons des pistes de décryptage, de déchiffrement et de critiques, émettrons des hypothèses de changements. Nous voulons ainsi retrouver un sens et une perspective à travers l’ouverture des débats et l’approfondissement permettant aussi de susciter des envies de transformation sociale.

De même, nous voulons aussi redonner son importance au terme décrié d’opinion, qui a pourtant été au coeur historique de l’apparition des journaux. Sans prise de position claire, prise de risque idéologique, défense de valeurs de gauche, voir parti pris, qui se permettent d’interroger la pseudo-neutralité et objectivité des médias, le débat démocratique ne peut que s’étioler.

Et sur cette base, notre objectif est aussi de soutenir, voire susciter la mobilisation, car nous croyons, comme le disait Karl Marx qu’«une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses». Vaste programme, que nous estimons possible au vu de l’émergence régulière de nombreux médias alternatifs et critiques dans le monde, dans lesquels nous nous reconnaissons.