Dans tous les grands médias, on trouve quotidiennement l’actualité des grands clubs de football du pays et du continent. Et c’est tant mieux, c’est aussi leur rôle d’informer sur le sport le plus populaire du monde, qui déchaine les passions aux quatre coins de la planète depuis près de 200 ans. Mais qu’en est-il des clubs amateurs? Voix Populaire vous en rapportera régulièrement l’histoire, l’identité et l’actualité.
Vers le club
Et c’est le FC Bosna-Yverdon qui inaugure la série. Cet apprécié club du Nord vaudois compte 9 équipes pour 150 joueurs, juniors et actifs. L’histoire a commencé en 2004, lorsqu’une bande d’amis de la communauté bosniaque de la cité thermale monte une équipe de 5e ligue. Elle rencontre petit à petit un certain succès sportif et connaît rapidement l’ascension en 3 e ligue. Pour gravir l’échelon supérieur, les règles de l’association cantonale sont claires: des équipes juniors doivent exister dans le club. Ainsi, l’équipe de potes est devenue un club…
Ce club du Nord vaudois, c’est Selmir Muminovic, son président, qui nous en parle le mieux. «Franchement, on est très fiers de ce qu’on a fait. Dans la région, le club est connu et respecté. Chez les juniors, on nous sollicite pour faire des matchs amicaux. Avant, c’était à nous d’aller chercher des équipes pour jouer ces matchs!». Ce qui distingue le FC Bosna Yverdon des autres clubs de son calibre, c’est le soutien de ses supporters, impressionnant pour ce niveau. «Chaque week-end, on a 200-300 personnes au bord du terrain pour soutenir la première équipe. Cet engouement-là est unique. Lors de nos soirées de soutien, on a accueilli jusqu’à près de 1000 personnes à La Marive (salle de concert à Yverdon-les-Bains)!». Plus qu’un club de football, c’est aussi l’occasion pour la très importante communauté bosniaque du Nord vaudois de se retrouver autour d’une assiette de cevap, au bord du terrain ou lors d’une soirée festive.
Contre les préjugés
À la critique d’un potentiel «repli communautaire» des clubs de cet acabit, Selmir nous répond par des faits. «On accueille avec grand plaisir tous ceux qui le veulent, on ne fait pas de différences. Dans notre équipe de juniors C, il y a 6 bosniaques sur 22 joueurs! J’invite tout le monde à venir voir un match. Bosna, c’est unique pour le football amateur vaudois». Conscient des préjugés qui peuvent être véhiculés sur les clubs de diaspora, Selmir affirme, «on doit avoir un comportement irréprochable, chaque petite faute peut être pointée du doigt, nos joueurs en sont conscients. Notre « une » est l’équipe la plus fair-play du canton, toutes ligues confondues!».
L’esprit de Bosna, c’est aussi le football accessible, de proximité. La cotisation annuelle pour un enfant de 6 ans (50.-) peut être jusqu’à dix fois moins cher que le club phare de la ville où sont concentrés les espoirs de la région, Yverdon-Sport. Selmir nous le dit avec conviction: «On veut aussi sortir du foot business, redonner un sens au côté populaire de ce sport. Le foot permet l’intégration, le partage et tant d’autres valeurs. Tous ceux qui le veulent doivent pouvoir y jouer.» Le succès est d’ailleurs au rendez-vous, puisque le club se voit dans l’obligation de refuser des jeunes chaque année, par manque de terrains d’entraînement. Et ce, malgré le soutien actif de la commune, que le président n’a pas manqué de remercier plusieurs fois lors de notre entrevue.
Objectif: la 2e ligue
Côté sportif, la première équipe joue le haut du tableau de 3e ligue. L’objectif à court terme, c’est de retrouver la 2e ligue: «Cela fait 2 ans qu’on loupe la marche pour des causes extrasportives (Covid). La première année, le championnat a été annulé alors qu’on était premier après onze matchs. La deuxième année, les finales ont été annulées». Pour la reprise du championnat le 20 mars, Bosna (2e avec 27 points) ira affronter son concurrent direct à la promotion, le FC Venoge (1er avec 29 points). Très actif à la mi-saison, Bosna-Yverdon s’est attaché les services de plusieurs joueurs d’expérience. Un atout certain dans la course à la promotion.
Lorsque l’on évoque un potentiel rêve que le président entretient pour son club, il nous évoque, le sourire en coin: «La coupe… C’est le rêve caché. J’aimerais qu’on la ramène un jour à Yverdon. Quand on sera en 2e ligue, le rythme sera plus soutenu. On sera mieux préparé pour cette compétition. On verra…». On ne peut que souhaiter à Bosna d’atteindre ses objectifs, et même de réaliser son rêve.
Luca Schalbetter
Un club de l’Est dans le Nord vaudois
Sport • Le sport, ce n’est pas qu’une superproduction divertissant des millions de spectateurs. Focus sur le football tel que la majorité de la population le vit et le pratique au quotidien, dans les petits clubs et les petits stades. (Par Luca Schalbetter)
