A Genève aussi, une initiative pour la gratuité des transports est sur les rails

Genève • Après Neuchâtel, Fribourg et Vaud, c’est à Genève que sera lancée une initiative en faveur de la gratuité des transports publics. Elle sera portée par un regroupement des jeunesses de gauche du canton.

Les jeunesses de gauche se sont réunies en conférence de presse ce jeudi 17 mars. (DR)

Des représentantes et représentants des Jeunes POP, des Jeunes Vert-e-s, de la Jeunesse Socialiste et de la Jeunesse Solidaire se sont réunis en conférence de presse afin d’annoncer le lancement de leur initiative cantonale «pour des transports gratuits, écologiques et de qualité». Cette dernière vise l’ajout de deux paragraphes à l’article 191 de la Constitution genevoise, prévoyant la gratuité des transports publics financée par les mesures fiscales usuelles de l’État.

Samuel Golly, coprésident des Jeunes POP, a donné le ton : «Notre proposition repose sur deux jambes : une jambe écologique et une jambe populaire». En effet, les initiants ont insisté sur la nécessité de répondre à la fois à une urgence climatique et à une urgence sociale. «Les conséquences déjà visibles du changement climatique, le besoin de gagner en souveraineté énergétique et les rapports alarmants du GIEC montrent que nous sommes dans une situation radicale, qui appelle des mesures radicales», a lancé le jeune vert Damian Veiga. «On constate une précarisation constante de la population et des inégalités qui ne cessent de se creuser. Nous voulons une transition écologique qui ne laisse pas de côté les travailleuses et les travailleurs, c’est pourquoi il faut arrêter avec les mesures punitives et passer à des mesures incitatives», a ajouté Nicolas Rault, des Jeunes POP.

Côté financement, c’est environ 157 millions de francs par an de recettes sur les titres de transport qui devront être compensés. Si le texte de l’initiative laisse à l’État la tâche de trouver les solutions concrètes et la possibilité d’un impôt avec une grande progressivité, le jeune solidaire Teo Frei affirme que  «de l’argent, il y en a». Il est fait mention de 2,3 milliards de francs qui pourraient tomber dans les caisses de l’État après la mise en conformité de la Suisse au taux minimal d’imposition sur les grandes entreprises à 15 % négocié par l’OCDE, mais aussi 350 millions au niveau genevois en cas d’acceptation de l’initiative genevoise «pour une contribution temporaire de solidarité». Autant de sommes qui pourraient être réaffectées notamment pour les transports publics, de l’avis des initiants.

En 2008 déjà, une initiative similaire s’était soldée par un échec dans le canton, mais les porteurs du projet se veulent optimistes. «De nombreux exemples de mise en place de la gratuité des transports dans d’autres villes montrent des répercussions positives», selon Elisabetta Marchesini, jeune socialiste. Et Luca Califano, jeune solidaire, de souligner que «depuis, les choses ont changé et des événements comme les Grèves du Climat, qui ont réuni jusqu’à 100’000 personnes à Berne, montrent que les consciences évoluent.»

Reste alors aux organisations d’engranger un peu plus de 8’000 signatures en 4 mois pour espérer voir leur initiative être soumise à l’avis de la population genevoise.

Balmain Badel