Elle nous manquait cette guerre en Europe, lancée le 24 février par le régime du président Poutine contre l’Ukraine. Comme si la crise climatique et la pandémie ne suffisaient pas. Comme si toutes les guerres au-delà des frontières de l’Europe, de l’Afghanistan à l’Irak, en passant par la Syrie, la Libye, le Yémen et jusqu’au Mali, ne suffisaient pas.
La violence brutale du capital global hante désormais le continent européen, avec les blindés et les missiles russes qui martyrisent les villes et le peuple ukrainien. Avec les chasseurs-bombardiers et les missiles de l’OTAN qui se redéployent tambour battant dans toute l’Europe. Avec la hausse sans précédents des crédits militaires votés y compris par les sociaux-démocrates et les Verts allemands. Avec la cheffe du Département de la Défense qui demande au GSsA et à la gauche de retirer l’initiative pour empêcher l’achat des F-35. Avec le spectre, jadis impensable, d’une guerre nucléaire devenue hypothèse concrète.
Halte aux guerres. Les 84 millions de réfugiés et réfugiées recensés en 2021 dans le monde par le HCR sont déjà de trop. Aujourd’hui des millions d’Ukrainien.ne.s doivent laisser leurs maisons, leurs villes et leurs champs, les larmes aux yeux, comme tous les réfugiés du monde.
Cette guerre montre à quel point la politique d’accueil des pays riches est discriminatoire. Nous devons ouvrir nos portes aux personnes fuyant l’Ukraine meurtrie. Mais nous devons ouvrir nos portes également aux personnes qui fuient «nos» guerres et la misère provoquées par «nos» multinationales qui pillent les matières premières et exploitent le travail des populations en Asie, au Moyen Orient et en Afrique.
Les politiques de puissance au service du capital ne reconnaissent aucun droit aux plus faibles. Pour imposer le droit du plus fort, la guerre en Ukraine risque de durer encore. Le 16 mars, l’ONU n’a trouvé que 1,3 milliard de dollars, au lieu des 4,3 milliards nécessaires, pour sauver de la famine 17 millions de Yéménites. Le même jour, le président Biden accordait un milliard de dollars de plus pour de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine.
Que nous reste-t-il à faire, dans ces heures sombres, que de retourner, avec responsabilité et courage, à nos luttes pour l’égalité, pour la justice sociale et la justice climatique, pour la solidarité avec les peuples opprimés ? Pour des vies libres, dignes et belles pour tous et toutes ? Pour libérer l’humanité à tout jamais des fléaux de la guerre, de l’oppression et de l’exploitation par les plus puissants avec leurs capitaux et leurs armes?
Tobia Schnebli
Militant du GSsA et président du PdT genevois