De nombreuses raisons empêchent les femmes d’accéder à l’égalité. Malgré son inscription dans la loi, malgré les mesures de contrôle de l’égalité salariale, malgré les quelques temps partiels masculins pour partager les tâches éducatives, le chemin de l’égalité est encore long. La récente actualité aux États-Unis montre par ailleurs que rien n’est acquis. Les femmes doivent lutter pour leurs droits, pour leur application et pour leur maintien. Entre les lignes de ces droits, se joue le droit qu’on s’accorde à soi-même : nombreuses sont les femmes compétentes qui renoncent à prendre des postes à responsabilités, à s’engager en politique, à faire entendre leur voix.
AVS 21 propose d’augmenter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, pour garantir l’équilibre financier des caisses reposant sur une juste proportion entre personnes actives et personnes à la retraite. Cette réforme propose aussi plus de flexibilité : une retraite entre 63 et 70 ans. Cela montre la ligne de mire pour l’âge de la retraite, dont on sait qu’elle ne permettra pas aux petits revenus de faire des choix « équilibrés ». La question des inégalités est écartée, alors que les chiffres montrent que les retraites anticipées sont propres aux hauts revenus et aux hommes principalement. Un autre volet de cette votation propose d’augmenter de 0,4 points la TVA, taxe sur la consommation, qui va frapper surtout les petits revenus à un moment où les prix prennent drastiquement l’ascenseur.
Le relèvement de l’âge de la retraite des femmes permettrait d’économiser 1,2 milliard de francs par année à partir de 2029 et la hausse de la TVA apporterait 1,3 milliard de recettes annuelles supplémentaires dès 2024.
Ces propositions ne suffiront toutefois pas à garantir le financement des rentes au-delà de 2030. S’il faut trouver des solutions au financement de l’AVS, elles sont assurément dans une réforme du système. Pour être plus viable et plus équitable, les deux piliers (AVS et LPP) devraient être fondus en un seul, de manière à assurer les retraites actuelles (par répartition) et futures.
Cette réforme vient dire aux femmes que l’égalité est acquise, et que les différences relèvent de la sphère privée. C’est faux. Les femmes ont des rentes inférieures d’un tiers de moins que les hommes. Cette différence doit demeurer le symptôme d’une inégalité à combattre dans tous les domaines.
Karine Clerc