L’assurance dentaire neuchâteloise face aux urnes

Neuchâtel • Les électeurs et électrices sont appelés à se prononcer le 25 septembre sur l’initiative populaire « Pour une assurance des soins dentaires ». (Par Mathieu Agresta)

Les maladies bucco-dentaires menacent tout notre organisme. (Crédit : JackF)

D’après l’Office fédéral de la statistique, les assurances privées n’ont remboursé que 4,6 % des frais dentaires en 2010. Les tarifs des primes sont souvent prohibitifs, et ne permettent que des remboursement partiels et drastiquement plafonnés – d’où un taux de couverture très faible. L’assurance maladie de base ne rembourse seul 1,4 % des coûts totaux et les prestations complémentaires à l’AVS/AI 2,2 %, mais uniquement aux personnes qui peuvent en bénéficier. L’essentiel des frais, soit le 91,8 %, est donc assumé directement par les ménages en Suisse.

Le renoncement aux soins dentaires nécessaires concerne les classes moyennes et défavorisées de notre société : en 2018, 20,7 % de la population suisse a renoncé aux soins dentaires en raison des coûts sur le budget du ménage. En Suisse romande, ce chiffre s’élève à plus d’un tiers. Pour faire face aux dépenses liées à l’hygiène bucco-dentaire, on observe une tendance inquiétante : depuis quelques années, de plus en plus de Suisses partent se faire soigner à l’étranger.

Un impact « dentesque »

Les maladies bucco-dentaires ont un impact sur notre santé générale. Elles augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, de déséquilibres de tout ordre jusqu’à un accouchement prématuré ou, plus fréquemment, de diabète. Dans l’autre sens, ce dernier, certains traitements pour l’hypertension ou encore les chimiothérapies augmentent le risque de rencontrer des problèmes bucco-dentaires, et ceci malgré une bonne hygiène buccale. Le cercle vicieux est enclenché ! Les maladies bucco-dentaires telles que la carie, les maladies des gencives ou les abcès dentaires représentent une porte d’entrée pour les bactéries vers notre système sanguin et, par-là, vers tout notre organisme. Elles sont alors susceptibles de déclencher ou d’aggraver des infections déjà présentes – et mettre la vie en danger si l’affection se situe aux niveaux d’organes vitaux. Une étude menée par le Journal de la recherche dentaire démontre ainsi qu’une personne sur quatre atteinte d’une affection parodontale développe un problème cardiaque.
Un examen bucco-dentaire de routine contribuerait au diagnostic précoce de maladies générales touchant essentiellement le tube digestif, et améliorerait grandement l’état de santé de la société tout en réduisant les coûts liés aux maladies de la bouche. Sa prise en charge collective incitera tout un chacun à consulter régulièrement hygiéniste et dentiste.

Pourquoi une assurance des soins dentaires ?

Les buts de l’initiative sont de prévenir les risques de maladies bucco-dentaires et les répercussions négatives de celles-ci sur la santé en général, de réduire fortement le coût des soins de santé dans le budget des travailleurs et de contribuer à un accès aux soins dentaires pour toutes et tous.

Celle-ci demande donc l’instauration d’une assurance obligatoire destinée à garantir la santé bucco-dentaire et qui prenne en charge les mesures de prévention. Outre la prophylaxie générale, ces mesures comprennent notamment des séances périodiques de contrôle et d’hygiène dentaires et les frais des soins de base. Le financement serait assuré par un prélèvement sur les salaires comparable à celui de l’AVS : moitié employeur, moitié employé.

Lutte popiste contre la carie

L’initiative déposée en 2015 par le POP avait récolté 7’042 signatures. Négligée et banalisée par le Conseil d’État, qui a rédigé un contre-projet ne répondant pas à la situation dramatique de notre canton : ce contre-projet demandait l’introduction d’une redevance sur les boissons sucrées pour financer l’accès à la prévention dentaires chez les jeunes. Il ne prenait donc pas en compte le besoin général de la population à accéder aux soins dentaires, et aurait préservé un système basé sur le seul rendement économique. Il a finalement a été balayé par le Grand Conseil.

Par Mathieu Agresta