En un peu plus de vingt ans, Fribourg a connu des fermetures en chaîne au niveau de son offre hospitalière publique située en périphérie de la Ville. La faute à la « Stratégie 2030 » du canton, qui cherche à centraliser l’ensemble des soins aigus sur le seul site de l’Hôpital cantonal fribourgeois et à remplacer les structures périphériques par des centres de santé et de réadaptation. En 2001, les urgences de Billens ferment. En 2012, le site de Châtel-Sainte-Denis. En 2013, la maternité de Riaz est démantelée. Puis les urgences du même site en 2020, la même année que la fermeture des urgences de nuit de Tavel. Pour combler le vide généré, on voit germer des cliniques privées attirées par le profit dans toute la région. « D’avantage de gens vont aussi se faire soigner dans d’autres cantons, comme Berne. Il y a 10 ans, Fribourg payait 25 millions de prestations hors canton, et on est passé à 92 millions… C’est scandaleux de prétendre ensuite qu’on est pas capables de faire tourner l’hôpital ! Il n’y a pas plus simple que d’affaiblir un système pour le faire disparaître et c’est ce qu’ils ont fait à différents endroits », s’exclame Marc Monney, président du Comité citoyen HFR. « Venant de la Broye fribourgeoise, ça faisait longtemps que j’entendais la population se plaindre, sans que rien ne soit fait au niveau politique. »
Le Comité HFR a déposé son initiative
Après une pétition d’environ 4’000 signatures, M.Monney s’est allié à d’autres, dont l’ancien comité qui avait défendu la maternité de Riaz. « Nous étions une trentaine. Nous avons vu que le problème de Riaz était le même à Tavel et dans le district du Lac. Les gens rouspétaient, sans que rien ne se passe. On s’est dit qu’il fallait alors lancer une initiative cantonale pour dire au Conseil d’État « ça suffit avec ce démantèlement ». » 12’400 signatures plus tard, récoltées en pleine pandémie, l’initiative « pour des urgences hospitalières de proximité 24/24 » était déposée. Puis une motion populaire demandant le gel du démantèlement en cours par l’HFR, sans quoi la votation amenée par le Comité perdrait de son sens. S’en sont suivis des assemblées populaires, des conférences et autres événements pour informer la population sur ces enjeux.
Un an plus tard, le Grand Conseil décide d’un contre-projet. « Ils sont pressés par le temps : le projet doit être élaboré d’ici au 22 mars 2023 et devrait être validé au mois de septembre, ils ont du pain sur la planche », estime-t-il. Les enjeux pour remporter la votation de l’année prochaine n’en sont pas moins de taille : « Nous sommes un comité de citoyens, qui doit trouver des moyens financiers pour la campagne, ce qui ne sera pas simple. Et on s’attaque aux grosses machines que sont l’État et le Grand Conseil. On va prendre nos bâtons de pèlerins, on fera des lotos, des marchés et on se battra jusqu’à la votation. Pour donner aux citoyens l’opportunité de voter sur le sujet, et de faire comprendre à nos chers députés que le problème est bien plus grave qu’ils veulent bien le croire. » BBL
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