AVS21, l’heure du bilan

Édito • La défaite majeure enregistrée le 25 septembre par la gauche et les syndicats sur AVS21 doit être analysée en profondeur car elle est porteuse d’enseignements sur l’état de la lutte sociale en Suisse.

Crédit : Tam Berger

Avant tout, il faut renoncer à minimiser cet échec. C’est la première fois depuis des années que la bourgeoisie arrive à faire passer en votation populaire un démantèlement des retraites. De plus, l’acceptation par le peuple d’une hausse de la TVA alors même que le coût de la vie augmente massivement est un signal de la perte d’influence du mouvement syndical, en tout cas sur la population qui a le droit de vote et qui l’utilise.

Cette régression ouvre la porte à d’autres attaques, dont la retraite à 67 ans pour tous. La faible majorité de oui laisse espérer qu’elles pourront être repoussées. Mais cela nécessitera une certaine lucidité sur les causes de l’échec. Et donc une certaine autocritique de la gauche sur sa stratégie de long terme.

Cela s’annonce mal. En effet, les porte-paroles du PS et des syndicats répètent depuis la votation qu’il faut que «la droite tiennent ses promesses » en cherchant un «compromis» sur la LPP21. En d’autres termes, les sociaux-démocrates prévoient de réemployer la stratégie adoptée pour PV2020: soutenir une contre-réforme dont les principales mesures renforceront les caisses de pension au détriment de la population (hausse des cotisations, baisse du taux de conversion) en échange de quelques maigres «compensations» symboliques.

Se lancer dans une «guerre contre les hommes blancs et riches», comme le préconise la socialiste Tamara Funiciello (parle-t-elle de son propre conseiller fédéral «socialiste», à l’origine de la contre-réforme?), ne sera guère plus efficace. A quoi cela rime-t-il de s’offusquer du fait que les bourgeois et les bourgeoises – cette votation en aura été une belle démonstration – votent dans leurs propres intérêts ?

Seule l’organisation des travailleurs et des travailleuses dans un mouvement fort et la création d’un front commun progressiste pourra enrayer la machine de démantèlement social qui est en marche. Et c’est donc à une rupture avec la politique du consensus à tout prix qu’il faut travailler.

Amanda Ioset

Co-présidente du PST-POP