« Les multinationales suisses doivent répondre de leurs actes ! »

Suisse • En 2020, le peuple suisse avait accepté à 50,7 % l’initiative pour des multinationales responsables. Ce fut le nombre de cantons en défaveur du texte qui l’empêcha finalement d’atteindre la double majorité.

Une pétition a été lancée suite à l’approbation de l’initiative.MHM55

Six années après le dépôt de cette initiative, et malgré une Karin Keller-Sutter martelant qu’il fallait avancer sur la question de manière coordonnée au niveau international, la Suisse n’a toujours pas suivi l’exemple de ses voisins. En attendant, ses multinationales peuvent donc continuer à s’adonner, en toute sérénité, au rejet de déchets hautement toxiques, à la pollution de cours d’eau, à la destruction de faunes et de flores et à la violation des droits humains (1).

Mais la coalition à l’origine du texte entend bien parvenir à ses fins et revient avec une pétition. « Plusieurs pays ont récemment adopté des lois similaires à ce que proposait notre initiative. C’est le cas de l’Allemagne et de la Norvège. De plus, la Commission européenne a rendu public un projet de directive allant plus loin que notre initiative sur certains points », explique Juliette Müller, coordinatrice de la coalition au niveau romand. L’objectif : récolter au moins 100’000 signatures en 100 jours afin d’envoyer un message clair au Conseil fédéral : « Des exemples réguliers montrent bien qu’un système basé sur l’autorégulation ne fonctionne pas. Il y a besoin d’une loi sur cette question », ajoute-t-elle.

Lancée le 20 août 2022, la pétition a d’ores et déjà amassé plus de 50’000 signatures après un peu plus d’un mois de récolte. La coalition a par ailleurs commandé un sondage à l’institut Demoscope pour connaître l’avis de la population : « 70 % des personnes interrogées sont d’accord avec le fait qu’une loi sur la question doit être élaborée. De plus, 35 % des personnes qui avaient dit « non » en 2020 diraient « oui » aujourd’hui, au vu des évolutions européennes », nous apprend la coordinatrice. Peu de chance donc que les 100’000 signatures désirées ne soient pas obtenues d’ici fin novembre. Juliette Müller conclut : « La balle est dans le camp du Conseil fédéral pour que la Suisse ne se retrouve pas être le seul pays sans loi efficace sur la responsabilité de ses entreprises ». BBL

1 www.responsabilite-multinationales.ch/cas