Dès trois heures du matin ce mercredi, des piquets de grève se sont mis en place devant les dépôts des TPG (Bachay, Jonction et En Chardon), l’entreprise de transport public, qui compte 2200 salariés. Près de 90% du service technique, comprenant des mécaniciens, des électriciens ou des peintres, suive le mouvement décidé en assemblée en septembre. Les trams et bus tournent en service minimum dans tout le canton, certains chauffeurs s’étant portés «volontaires» pour l’assurer.
Si l’ambiance est bon enfant la détermination est là: «Si nous lâchons cette année sur ce que nous propose la Direction, cela servira de base pour les indexations de l’année prochaine et, au bout d’années de travail, ce sera une perte importante», dit un chauffeur. «La proposition finale de l’entreprise consistant à accorder une indexation seulement partielle (0.6%) en 2022 et seulement à partir du mois de septembre, et non depuis le début de l’année, ainsi qu’une prime de 400 francs a été jugée insuffisante par une large majorité des membres SEV et transfair lors de la consultation organisée. 70% des sondés se sont ainsi prononcés pour la réactivation du préavis de grève dans le but d’obtenir la pleine et entière compensation du renchérissement (1.2%)», explique Vincent Leggiero, secrétaire syndical du SEV.
«En début d’année, la direction ne voulait accorder aucune indexation, mais en juillet, suite à une conciliation devant la chambre collective des relations du travail (CRCT), elle est revenue à la table des négociations, disant que la demi-indexation, assortie d’une prime unique, était leur ultime proposition. Ce que nous avons refusé», précise Aurélie Lelong, secrétaire syndicale du SEV, expliquant que les 1.2% d’indexation représentent un montant d’environ 3,2 millions pour l’entreprise.
Tout en relevant que le personnel a dû affronter seul la période covid et celle de la canicule durant cet été, Fred Nouchi, conducteur, élargit la mire: «Ce combat est aussi pour les autres entreprises ou les petites gens qui n’ont pas la possibilité de se défendre», assure-t-il, tout en se félicitant de l’appui de certains mouvements comme Ensemble à gauche, qui devraient mettre cette exigence de revalorisation salariale sur le tapis du Grand Conseil.
«Aujourd’hui faute d’un budget suffisamment confortable voté par le parlement, qui tient les cordons le la bourse, la régie publique doit rogner sans cesse et faire des mesures d’économie sur le dos des travailleurs, mais aussi des prestations. Cela doit cesser», s’insurge la coalition politique. En soirée, suite aux échecs des rencontres entre direction et personnel, la grève était reconduite (et levée ce vendredi, après que la direction a décidé d’accorder les 0,6% restants en 2023, ndlr)
Cinq revendications pour la fonction publique
Outre la régie, la fonction publique était aussi mobilisée. Réunies en assemblée, les différentes composantes du Cartel intersyndical se sont réunis l’après-midi du mercredi en assemblée, après l’échec des premières entrevues avec le gouvernement. Celle-ci a voté une résolution en 5 points, qui demande une indexation pleine et entière d’au moins 3%, mais aussi le versement de l’annuité 2023, ainsi que des postes en suffisance et des moyens pour les entités subventionnées comme les Hôpitaux ou l’aide à domicile (Imad). «En 10 ans, le Conseil d’Etat a supprimé 5 fois nos annuités. D’autres cantons comme Fribourg ont accepté des indexations de plus de 3%. Si le pouvoir d’achat baisse dans le public, cela impacte aussi le privé. Ces baisses salariales prétériteront de façon durable le montant nos caisses de retraites», assure Olivier Baud, président du Cartel.
La grève a été particulièrement suivie dans l’enseignement, 52 écoles ayant suivi le mouvement. A l’hôpital, une infirmière a rappelé qu’en raison du manque d’effectif, «le service minimum, c’était tous les jours» et a demandé que les 488 créations de poste affichées au budget 2023 soient concrétisées. «Nous devons aussi nous mobiliser aussi contre les facilitations de licenciements inscrites dans la Loi relative au personnel de l’administration cantonale (Lpac)», ajoute Michel Valbonesi du syndicat SSP. Suite à l’assemblée, un défilé a conduit les grévistes dans les rues jusqu’à la Place neuve, où plusieurs orateurs se sont suivis. «Pour revenir aux conditions d’enseignement dans le secondaire II et le post-obligatoire, il manque 500 postes actuellement. On mérite nos augmentations de salaire, qui sont inclues dans la loi et notre contrat de base», souligne un représentant de l’Union du corps enseignant.
«La lutte pour l’indexation est le combat de tous les salariés comme ceux de la construction, qui feront grève le 7 et 8 novembre. La droite qui vous conspue était contre le salaire minimum, ne fait rien pour les chauffeurs Uber et veut réduire es recettes de l’Etat de plusieurs centaines de millions par an au profit des plus fortunés, qui ont triplé leur fortune ces dernières années», conclut Davide De Fillipo, président de la Communauté genevoise d’action syndicale (Cgas). La fonction publique continuera sa mobilisation jusqu’au débat parlementaire sur le budget à la mi-décembre. Une assemblée du personnel est prévue le 8 novembre.
Jdr