En ce moment, les personnels des services publics, de la construction et de bien d’autres secteurs en savent quelque chose. Les conductrices et conducteurs publics genevois peuvent être fiers que leur grève ait porté ses fruits, et cette victoire remportée par la lutte en inspirera, espérons-le, tout un tas d’autres. Car l’heure est à la conquête. Arracher des mains des patrons des hausses salariales nécessaires pour vivre à peu près dignement dans un contexte de renchérissement aigu d’un coût de la vie déjà étourdissant. Leur arracher de la tête l’envie d’augmenter nos heures de travail, alors que nos corps et nos esprits, contrairement aux leurs, sont largement assez maltraités comme ça. Leur arracher cet intérêt pugnace au démantèlement de nos conquis sociaux.
Le salaire minimum est de ceux-là. A Neuchâtel et Genève notamment, son instauration, plébiscitée en votations, est venue garantir un minimum vital à nombre de salariés jusqu’alors payés au lance-pierre. Mais le patron n’est, lui, pas écœuré à la vue du travailleur pauvre. Pour preuve, la motion Ettlin, du nom du conseiller aux Etats PDC qui l’a commise. Soutenue par la Commission de l’économie et des redevances du Conseil national et une trentaine d’associations professionnelles, elle vise à faire primer les CCT contenant des dispositions salariales sur la compétence des cantons de légiférer sur leur politique sociale. Au nom du partenariat social, on tente ici de survoler le droit fédéral pour briser les salaires minimaux acquis et permettre d’inscrire des revenus moindres dans les conventions. Si le Conseil des Etats a donné son aval et que le Conseil fédéral semble mal à l’aise, reste à voir ce qu’en dira le Conseil national.
Apprendre à conquérir des droits, c’est d’ailleurs l’un des enjeux portés par l’initiative neuchâteloise pour les apprenti-e-s, sur laquelle vous pourrez vous informer dans ce numéro.