Non à une droite qui bande les muscles au sujet de l’école!

Opinion • En vue des élections au Conseil d’Etat du 30 avril, des personnalités socialistes genevoises appellent à barrer la route à l’alliance de droite en critiquant sa vision de la formation.

L’hebdomadaire en ligne Watson s’est fait l’écho de la volonté de l’alliance de droite pour le Conseil d’Etat de «partir à la reconquête» du Département de l’instruction publique. Pourquoi un tel vocabulaire guerrier ? Depuis qu’un accord a été conclu entre sa composante bourgeoise et sa composante nationale-xénophobe, la nouvelle alliance de droite se sent pousser des ailes. Cela étant, il ne faut pas oublier que la droite réclame la reprise du dicastère mammouth de l’enseignement – le plus gros en termes d’effectifs et probablement le plus compliqué à gérer en termes de ressources humaines – au moins depuis le retrait de la Conseillère d’Etat libérale Martine Brunschwig-Graf en 2005. Mais, cette fois-ci, l’heure de l’école qu’ils appellent de leurs vœux est arrivée!

A quoi rassemblera-t-elle au juste? A les entendre, tout sauf à celle d’aujourd’hui. La droite accuse en effet notre école actuelle de presque tous les maux : d’abord parce qu’elle nuit à la santé morale des élèves en prônant des valeurs progressistes ; ensuite parce qu’elle se montre incapable d’insérer correctement les élèves sur le marché du travail. Incarnation d’une vision passéiste et rétrograde des enjeux de formation, la candidate PLR Anne Hiltpold n’y va pas par le dos de la cuiller. Trop d’efforts sont réalisés actuellement selon elle en faveur des élèves en difficulté. Si elle prenait la tête du DIP, le projet d’école inclusive porté par les magistrats socialistes successifs serait tout simplement mis illico au rebut. Fidèle à sa vision techniciste et économiciste néolibérale, l’école de Mme Hitpold ne serait qu’une usine abrutissante servant à domestiquer et préparer une main-d’œuvre déprimée. Elle serait tout le contraire d’une école servant à dispenser des savoirs permettant de s’épanouir dans la vie, tout sauf une école ambitionnant de former des citoyens pour développer créativité, ouverture, capacité de réflexion et esprit critique dont nous avons besoin.

Ce discours de droite qui bande les muscles au sujet de l’école est inaudible. Car la droite a été la première à refuser les augmentations de postes au DIP pendant toute la durée de la législature. Une grande partie des problèmes qu’elle dénonce en période électorale sont l’effet de sa propre action. Sans cesse en train de réclamer des «mesures structurelles» et de pérorer sur les concepts «d’Etat agile» et «d’administration décloisonnée», la droite s’est attaquée avec constance depuis 2018 aux équipes pluridisciplinaires composées d’éducatrices, d’infirmier.e.s scolaires, de logopédistes, pourtant essentielles à la prise en charge de tous les enfants ! Elle feint d’ignorer l’importance des spécificités genevoises : une proportion importante de population étrangère et en situation de précarité, des communes urbaines et suburbaines qui présentent des défis en matière d’insertion particulièrement épineux, la très grande concentration des emplois dans le secteur du tertiaire et la forte concurrence sur le marché de l’apprentissage dans le canton de Genève.

En dépit de ces circonstances défavorables, il faut relever que le taux de certification, une des clés du processus d’insertion socio-professionnelle des élèves, a nettement augmenté depuis l’instauration de la formation obligatoire jusqu’à dix-huit ans. Le Conseil d’Etat à majorité de gauche n’a pas lésiné non plus sur les enjeux de formation pré-scolaire et de formation continue à vie. La nouvelle magistrate ou le nouveau magistrat en charge de la formation aura à faire aux mêmes enseignant.e.s et au même peuple du DIP. Iels n’hésiteront heureusement pas à contester les décisions de la nouvelle autorité ! Cependant, les électeurs progressistes et humanistes, de gauche comme du centre, doivent s’en rappeler au moment de choisir leurs candidat.e.s au Conseil d’Etat. La vision de l’école que nous propose la droite est une spectaculaire et dangereuse régression.

Gabriel Barta, Emmanuel Deonna, Fayrouz Kashef, Gaspard Piguet. Parti socialiste genevois

Gabriel Barta, Ancien président de la Commission de l’enseignement et de la formation du PS genevois & vice-président de BIEN-CH.

Emmanuel Deonna, Député au Grand Conseil, membre de la Commission de l’enseignement, de l’éducation et de la culture et du sport, Président de la Commission Migration & Genève internationale du PS genevois, Membre du comité directeur du PS Migrant.e.s suisse

Fayrouz Kashef, Présidente de la Commission de la petite enfance, de l’éducation et de la formation du PS genevois et membre du comité du PS Lancy

Gaspard Piguet, PRésident de la Commission Santé-social du PS