Le soutien à Jérémy* ne faiblit pas

Genève • Un militant est enfermé depuis plus de deux mois soupçonné d'avoir mené une action contre le géant du béton, Holcim.

Une banderole de soutien à Jérémy*. (DR)

Depuis le 17 mars, Jeremy*, militant écologiste, est enfermé à dans la prison genevoise de Champ-Dollon dans des conditions de vie très difficiles. «Mon fils est en cellule de quelques mètres carrés avec 4 autres personnes 23 heures sur 24, il me dit qu’il ne mange pas à sa faim, me dit avoir des mycoses sur le torse – et quand j’en parle on me répond que c’est normal, ça arrive aux nouveaux détenus, c’est à cause de la saleté, ah… ok c’est donc normal! L’entourage pensait envoyer des colis alimentaires, on voit ça dans les films, les colis. Mais non, pas de colis à Champ-Dollon en ce moment. Les colis alimentaires c’est seulement à quelques périodes de l’année!» a expliqué sa mère lors d’une conférence de presse en avril suite à la décision de la Chambre d’appel et de révision (CPAR) de le garder en détention provisoire.

«Il paraît qu’il pourrait avoir droit à deux heures de sport par semaine sauf que les jours où il est inscrit soit la salle est prise pour la messe, soit parce que c’est un jour férié ou autre… Quand je lui amène un journal (comme par exemple l’Equipe) ou une couverture, on refuse de lui livrer…», ajoute-t-elle.

Son crime? La justice l’accuse d’avoir mis le feu en 2022 à deux véhicules et d’avoir saboté des machines de chantier dans la gravière de Sézegnin, dans la campagne genevoise. Ce site appartient au géant mondial du ciment Holcim, multinationale, qui exploite aussi la colline du Mormont dans le Canton de Vaud et où s’était installé la première Zone à défendre (ZAD) de Suisse entre octobre 2020 et le 30 mars 2021. Les raisons de sa longue détention préventive ne tiennent pas non plus la route selon son comité de soutien. «Le Ministère public évoque le risque de collusion pour le maintenir en détention. Nous ne comprenons pas la collusion avec qui, avec quoi, et quand. Les faits reprochés remontent à plus d’un an, l’enquête de police a donc largement eu le temps de creuser ce qu’il y avait à creuser. D’autant plus qu’actuellement, la détention de Jérémy* est publique. Si le Ministère public imagine qu’il y a d’autres suspects, ces derniers ont donc largement eu le temps de se préparer…», affirmait-il en avril.

Mouvement de soutien

Face à cette situation, la mobilisation ne faiblit pas. Des témoignages de solidarité sont parvenus depuis le Tessin, une lettre ouverte signée par nombreux partis, organisations et personnalités comme Jacques Dubochet, Prix Nobel de physique a été publiée dans la presse. «En enfermant Jérémy*, la Justice tente de restreindre et de contenir tout un mouvement. Nous appelons à la résistance et à la solidarité de toutes les personnes qui luttent pour un monde respectueux du vivant et débarrassé des multinationales destructrices», peut-on lire dans la missive. Une manifestation est programmée le 2 juin à 18h30 au poste du Mont-Blanc.

*pseudonyme

https://freejeremy.noblogs.org/

https://mamanjeremy.ch/