« Créons le changement! »

Genève • La coalition Ensemble à Gauche présentait son programme pour les élections fédérales du 22 octobre.

Christian Zaugg, Jessica Pini, Guillaume Thion et Alexander Eniline en conférence de presse. (EàG)

Le constat est sans appel: la classe politique suisse et le Conseil fédéral ne sont à la hauteur des défis climatique, sociaux, migratoire ou économiques liés à l’inflation et à la hausse des coûts des loyers et de l’assurance-maladie, estime la coalition Ensemble à Gauche (solidaritéS-DAL-Parti du Travail). Celle-ci présentait ses douze candidats au Conseil national et ses deux prétendants (Jessica Pini et Guillaume Thion) au Conseil des Etats sur le pont du Bateau-lavoir dans la rade de Genève. «Si on n’arrive pas à obtenir de changements radicaux, le monde deviendra bien pire d’ici 10-15 ans. Les réponses proposées par les partis gouvernementaux, acquis au capitalisme, sont loin d’être à la hauteur des problématiques actuelles», assure Alexander Eniline, candidat au Conseil national et président du PST-POP, qui critique aussi le rapprochement de la Suisse avec l’OTAN.

Pour faire face à toutes ces menaces, la coalition appelle à des changements radicaux, à commencer dans la protection sociale. «Il faut fixer un salaire minimum au niveau national de 4500 francs pour les personnes sans formation et de 5000 pour les titulaires de CFC. Le 2/3 des personnes qui sont touchées par le salaire minimum sont des femmes, dans des métiers non-valorisés (comme la restauration, le nettoyage, la coiffure, et tant d’autres). Il est donc urgent d’agir, car c’est non seulement une discrimination de classe, mais aussi de genre! En 2023, on ne peut plus se permettre d’être dans ces injustices» a lancé Jessica Pini du PdT. Elle défend aussi la semaine de 32h, avec un salaire égal. «Cette proposition est une question de santé publique et de justice sociale», justifie-t-elle, tout en rappelant que l’Islande a testé le modèle des 35 heures, avec de bons résultats.

La candidate veut aussi la fusion du 2e pilier dans l’AVS. «Nous proposons aussi une revalorisation des rentes passant notamment par l’augmentation des PC cantonales, comme fédérales. Le but final est d’obtenir 4’500 francs par mois pour tous les aînés», précise-t-elle. Pour favoriser l’équité entre femmes et hommes, elle demande que la pilule contraceptive soit remboursée par l’assurance de base et non par l’assurance complémentaire et que le droit à l’IVG soit financé par l’Etat. «Nous revendiquons le remboursement intégral des frais de santé sexuelle et reproductive pour toutes», soutient cette assistante sociale de formation.

La hausse prévue et inexorable des primes maladie n’est plus tenable selon la gauche combative. De forts remèdes s’imposent, comme le développe Christian Zaugg, enseignant retraité et président du DAL. «Alors que les caisses-maladies ont accumulé des réserves gigantesques, et qu’elles dépensent des sommes faramineuses dans le marketing pour attirer des assurés, nous défendons une caisse-maladie unique et publique, qui rembourse et avec des primes en fonction du revenu»,  précise-t-il. Les frais de santé mentale, soins dentaires et ophtalmologiques doivent être inclus dans les prestations de la caisse-maladie publique. Le candidat veut aussi une meilleure application de la Loi sur l’égalité pour les personnes handicapées (LHand).

Canicules, sécheresses, inondations ont marqué l’été. Face à ces changements climatiques plus qu’inquiétants, la coalition veut qu’on passe la vitesse supérieure. «Nous défendons l’arrêt de toute extension du réseau autoroutier et le développement de la mobilité durable. Nous proposons également un revenu de reconversion écologique pour accélérer la transformation écologique, et concernant l’énergie, nous demandons un contrôle public sur l’utilisation des ressources essentielles avec une tarification progressive des prix de l’énergie et de l’eau avec une base gratuite pour les besoins vitaux. Enfin, nous souhaitons la transformation d’UBS-Crédit Suisse en service bancaire public afin de permettre le désinvestissement des énergies fossiles et le financement de la transition», a détaillé Guillaume Thion, assistant social et candidat au Conseil des Etats (SOL). La rénovation énergétique des bâtiments doit aussi être menée d’ici 2030.

La coalition prône aussi la souveraineté alimentaire, avec une réduction des marges injustifiées de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution et une réorientation de l’agriculture vers une alimentation moins carnée et une production diversifiée, sociale et écologique accessible à tous.

Pour ces élections cruciales, toute la gauche est apparentée. Ce qui devrait permettre de ne pas perdre de voix pour faire entendre l’alternative à Berne.

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