Un mois pour se souvenir du Coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili

Commémoration • Un mois à Genève et à Lausanne pour commémorer la fin brutale de la présidence de Salvador Allende, destitué par le sinistre et criminel Pinochet.

Salvador Allende en tournée lors des élections législatives de 1973 (Biblioteca del Congreso Nacional - Chile)

Sombre moment de la démocratie chilienne que le coup d’État du 11 septembre 1973 contre le gouvernement du socialiste Salvador Allende, qui débouchera sur la dictature militaire du général Pinochet (1973-1990), faisant des dizaines de milliers de morts, de prisonniers et d’exilés politiques.

Dirigé par le vice-amiral de la marine José Toribio Merino et le commandant de l’armée de l’air Gustavo Leigh, le coup d’État est planifié pour le 11 septembre, car l’armée est concentrée à Santiago ce jour-là pour la célébration des Gloires de l’armée. Le 8 septembre, le général Arellano Stark demande le soutien du général Pinochet, mais ce dernier ne donne pas de réponse définitive. Le lendemain, Salvador Allende informe le commandant en chef et les autres généraux de l’armée qu’il a décidé de convoquer un plébiscite afin de trouver une issue à la grave crise politique. Le même jour, les putschistes reçoivent le soutien de Pinochet.

Les événements se précipitent. Informé du soulèvement de la marine, Allende se précipite à 7h30 au palais de la Moneda, gardé par des carabiniers. Après que le premier communiqué de la junte militaire a été rendu public, ceux-ci se retirent progressivement. Quarante-cinq minutes plus tard, l’attaque terrestre du palais du gouvernement a commencé. Vers onze heures du matin, le président Salvador Allende adresse son dernier message au pays par l’intermédiaire d’une chaîne de radios favorables au gouvernement. Il y fait part de sa décision de ne pas quitter le palais du gouvernement. Il ajoute qu’il restera ferme dans sa position de «continuer à défendre le Chili».

Le bombardement de La Moneda a commencé à midi et a duré 15 minutes. Des avions Hawker Hunter de l’armée de l’air chilienne, après avoir survolé leur cible, attaquent le siège du gouvernement à la roquette, détruisant des bâtiments et mettant le feu à l’édifice. Quelques minutes plus tard, La Moneda tombe et le président Salvador Allende est retrouvé mort dans le hall principal, à côté de l’arme avec laquelle il s’était suicidé. Le lendemain, toute la presse du pays fait la une sur le Palais de La Moneda détruit et fumant. Avec trois siècles d’histoire et ayant abrité vingt-trois présidents de la République du Chili, il n’avait jamais été détruit auparavant. Dix-sept ans de sauvage répression suivront. Pour ne pas oublier, la communauté chilienne de Genève organise toute une série de manifestations de commémoration.

 

Un programme en événements

Genève


Exposition No Memorials. Histoires matérielles de l’exil chilien à Genève
No Memorials est le résultat de plusieurs mois de recherche et de travail collectif. Une exposition à la croisée de l’art contemporain, de l’ethnographie et la construction participative de la mémoire qui vise à rendre visible l’histoire de l’exil chilien tel qu’il a été vécu à Genève. Elle s’inscrit dans les commémorations des 50 ans du coup d’Etat au Chili et mais suit aussi le sillage de ses conséquences transnationales. L’exposition vise aussi à rendre hommage aux parcours de vies intimement liés à cette histoire de déracinement, de luttes et d’espoir
L’exposition s’accompagne d’un généreux programme culturel: https://scenes-culturelles.geneve.ch/lecommun/agenda.html
Du 23 août au 15 septembre, du mercredi au dimanche de 15h à 20h. Espace Le Commun, rue des Vieux-Grenadiers 10, à Genève

 

De la solidarité avec le Chili à la lutte contre le crime de la Disparition forcée
Des comités universitaires pour retrouver Alexei Jaccard au Jardin des disparus à Meyrin, Genève est depuis les années 1970 un lieu central de la lutte pour dénoncer l’un des crimes les plus inhumains contre les peuples. La disparition forcée instille la peur dans les familles et la société et crée un climat de terreur. Reconnue comme crime contre l’humanité par les Nations Unies au début des années 1990, la disparition forcée n’a cessé de se répandre à la faveur des régimes soumis à à l’arbitraire. Programme organisé par le Jardin des Disparus, en collaboration avec CLGE7323.
Marche silencieuse en mémoire des victimes du crime de la disparition forcée au Chili et dans le monde
Mercredi 30 août, 16h (journée internationale contre les disparitions forcées), Jardin des disparus (angle rue de la Golette – Promenade du Bois-Clair, à Meyrin); puis Parc des Franchises, voies couvertes de Saint-Jean, espace Le Commun, à Genève. La marche du 30 se termine par un atelier de silhouettes pour symboliser les absent-e-s toujours présent-e-s dans les mémoires.
Infos https://chiligeneve.ch/event/marche-en-memoire-des-victimes-de-la-disparition-forcee-au-chili-et-dans-le-monde-entier/

 

Veillée sur la place des Nations et la marche depuis la place des Nations et jusqu’à UNI-Mail
Dans le cadre des 50 ans du coup d’État, le Jardin des disparus rend hommage à 50 ans de solidarité pour les Droits humains, avec une veillée la nuit du 10 au 11 septembre, une marche des la place des Nations jusqu’au bâtiment d’Uni-Mail, le lundi 11 septembre.
La veillée compte sur la participation des musicien-ne-s du groupe Suyai Karü et comprend des témoignages et des documents sonores et visuels. La veillée coïncide avec la 54ème réunion du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. «Nous serons là, car au Chili il y a encore des crimes non élucidés» Nous lèverons le campement lundi vers 13h et préparerons la marche vers Uni-Mail, le long des quais de la rade.
Dimanche 10 septembre dès 22h, veillée toute la nuit sur la place des Nations.
Lundi 11 septembre, à 15h30, marche de la place des Nations à l’auditoire Alexei Jaccard (Uni-Mail).

 

Journées académiques : Chili 1973-2023. Regards croisés sur «l’autre 11 septembre» et son actualité internationale
Du jeudi 31 août au samedi 2 septembre, plusieurs entités universitaires et académiques joignent leurs efforts pour cet événement qui réunit les expériences passées et les enjeux actuels de l’asile et de la solidarité. Ces journées proposent de «jeter un éclairage transnational sur les thématiques de justice sociale, de mémoire et de droits humains, en thématisant les questions de désobéissance civile, de solidarité et d’engagement social pour faire «bouger les lignes» de l’accueil de personnes ayant besoin de protection». Organisation : Latino Lab (Université de Genève) ; Haute École de travail social de Genève ; Haute École de travail social de Fribourg ; Geneva Graduate Institute.
Jeudi 31 août, de 18h à 20h, Université de Genève, Uni-Mail, salle MR290, Conférence inaugurale avec Manuel Antonio Garretón (sociologue, Université du Chili) et Elizabeth Lira, psychologue, Université Alberto-Hurtado, Chili)
Entrée libre sur inscription à toutes les sessions.
Programme complet  https://www.hesge.ch/hets/la-hets-geneve/notre-actualite/evenements/chili-1973-2023-

 

11 septembre 1973. Les événements et la solidarité en débats et témoignages
La commémoration du jour du coup d’État a fait l’objet de nombreux débats parmi les associations chiliennes à Genève. Chacun et chacune parmi les exilé-e-s et leurs enfants, appréhende ces événements de manières différentes, toutes légitimes.
L’auditoire Alexei Jaccard et ses alentours nous réunissent le temps d’une journée, qui se veut ouverte aux échanges et aux témoignages.
Lundi 11 septembre, à 12h et à 18h, Uni-Mail, Agora central, devant le Mural Jaccard et dans l’auditoire Alexei Jaccard
Au programme :
12h15-14h, Agora central. Débat animé par Benito Pérez, journaliste
18h-20h, auditoire Alexei Jaccard. Acte central du 11 septembre: interventions de la coordination Chili Genève 1973 2023, de Hayin Ray Antileo (Commission de soutien aux peuples originaires), de la Conférence universitaire des associations d’étudiantEs (CUAE). Avec la participation de Jacques Pilet et Erica Deuber Ziegler.
Du 11 au 14 septembre dans le hall d’Uni-Mail. Sélection d’affiches de la collection du comité Mémoire et Justice (1971-2023)


Théâtre: Tant que nos cœurs flamboient.
Une pièce pour une comédienne et un paravent, qui nous fait voyager dans le temps et l’espace avant de nous poser cette question : et nous, où en sommes-nous, aujourd’hui, avec la liberté, l’égalité, la fraternité?
Par la Cie du Souffle 14. Texte et mise en scène : Laurent Contamin, avec Lorena Felei. Proposition du collectif Nouvelles Générations Chili
Mercredi 13 septembre 19h30 (portes à 18h45), Maison internationale des Associations, salle Rachel Carson, rue des Savoises 15, Genève, Prix : 10 CHF. Réservation : generations.chili@gmail.com
Infos https://ngchili.wordpress.com


Peña de la mémoire (titre provisoire).
Dimanche 17 septembre à 19h3, Théâtre de la Parfumerie, Organisation : CLGE7323, en partenariat avec le Théâtre Spirale

 

Fête nationale chilienne
Depuis de nombreuses années, l’Association des résidents chiliens à Genève organise chaque mois de septembre la fête nationale, moment de rencontre privilégié et festif qui réunit la communauté chilienne régionale. Habituellement organisée dans les communes de la ceinture urbaine où résident de nombreux ressortissants du Chili, cette année pour la première fois, l’ACRG organise cet événement en Ville de Genève, à la Maison communale de Plainpalais. Depuis plus 45 ans, de nombreux rassemblements de solidarité avec le Chili se sont déroulés dans ces murs, comme en témoigne la collections d’affiches de la Bibliothèque de Genève.
Au programme cette année, une exposition de arpilleras (broderie populaire). Les arpilleras sont des pièces de tissu cousues en patchwork. Elles représentent le plus souvent des scènes de la vie populaire. L’artiste Violeta Parra, l’une des initiatrices de cette pratique artiste, en a réalisées et exposée pendant son séjour à Genève dans les années 1960. Au Chili, dans les années 1970, l’art des arpilleras a émergé comme une forme majeure de résistance des femmes à la dictature.
Au programme également un montage audiovisuel de photos et de témoignages de la vie politique et culturelles des première, seconde et troisième générations de Chilien-ne-s à Genève.
Cette année, la fête nationale fera une large place aux peuples frères en Amérique Latine, qui seront présents sur des stands d’information ou feront des présentations artistiques.
Et comme chaque année, il y aura des empanadas, du pisco, des completos, des pâtisseries chiliennes, des animations et de la musique.
Infos : https://acrg.elcanillita.ch/
Samedi 23 septembre, de midi à 1 heure du matin, Salle communale de Plainpalais, Genève, Cérémonie commémorative officielle à 19h


Chili-Genève 1973-2023: faire mémoire et transmettre. Musique, Méditation Témoignages
Dans le mouvement de solidarité avec les exilé-e-s du Chili, les membres des communautés religieuses tiennent une place à part. Dès les premiers mois du régime militaire au Chili, des personnalités comme l’abbé Cornelius Koch et le pasteur Guido Rivoir sont parmi les moteurs du mouvement des Places gratuites. À Genève, on relève la rôle de Maurice Gardiol au Centre social protestant dans l’accompagnement des premiers réfugiés. Le Conseil Œcuménique des Églises a aussi été un haut lieu de la défense des Droits humains en Amérique Latine. La coordination CLGE7323 soutient chaleureusement cette initiative mémorielle de la Plateforme interreligieuse de Genève.
Dimanche 24 septembre, Temple de la Madeleine, sous les vitraux de José Venturelli, Production : CLGE7223.
Concert à 17h00.
Passion selon Saint-Jean d’Angel Parra. Musiciens : Pancho Gonzalez et Christian Goza. Textes dits par Fernanda Guerrero, Agnès Kruzsely et Maurice Gardiol
Infos: https://chiligeneve.ch/event/chili-geneve-1073-2023-faire-memoire-et-transmettre/

Bibliographie https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2013-3-page-97.htm

Vaud

A Lausanne, le Centre Pôle Sud au Flon propose expo, de photos d’Elena Rusca, conférence, films comme Me duele la memoria  ou 1976 et pièce de théâtre  sur l’événement. Infos complémentaires sur:
https://2021.polesud.ch/evenements-a-venir/

A Renens, soirée spéciale le 10 septembre:

 

 

 

Décès de Guillermo Teillier, leader du Parti communiste du Chili

Guillermo León Teillier Del Valle, président du Parti communiste du Chili est décédé mardi 29 août. L’homme a rejoint les Jeunesses communistes du Chili en 1957, à l’âge de 13 ans. Il a été dirigeant étudiant dans son lycée, puis à l’université. Au cours de sa carrière de dirigeant communiste, il a exercé diverses responsabilités jusqu’au coup d’État. Il a ainsi  été membre du comité central de la Jeunesse communiste du Chili ; après avoir adhéré au parti en 1964, il a été chargé des finances et de l’organisation du comité régional de Valdivia. Le jour du coup d’État, il était le principal dirigeant communiste de sa région, en tant que secrétaire politique. Après ces événements, Guillermo Teillier poursuit le travail du parti dans la clandestinité et, un an plus tard, il est arrêté par la machine répressive. Tombé entre les mains des forces de sécurité, il est soumis à des tortures brutales dans les sous-sols de l’École de guerre de l’armée de l’air. Il a été détenu dans les camps de concentration de Ritoque, Puchuncaví et Tres Álamos. Il a raconté cette expérience dans son roman autobiographique De Academias y Subterráneos (2003). Libéré en 1976, il lutte dans la clandestinité.

« Après le rétablissement de la démocratie au Chili en 1990, il a fait partie du collectif de direction qui a lutté pour l’existence du parti communiste au Chili pendant cette nouvelle ère. Il a participé au processus de reconstruction des forces de gauche, alors durement touchées par la crise terminale du socialisme réel, la nature pactée de la transition démocratique au Chili et la forte hégémonie néolibérale au niveau planétaire, en remplissant des tâches en tant que responsable national des finances du parti », rappelle le PCC. En 2002, dans le cadre du 22e congrès du PC, Guillermo Teillier a été élu secrétaire général et Gladys Marín a été élue présidente du parti, fonction qu’elle a occupée jusqu’à sa mort en 2005. En 2009, le comité central l’a proclamé candidat à la présidence du parti. Durant son passage à la tête de la formation, celle-ci a réussi à retrouver une présence parlementaire.

En outre, au cours de ces années, le Parti communiste du Chili a fait partie de la coalition Nouvelle majorité, qui a réussi à élire Michelle Bachelet (2014-2018) à la présidence du Chili. Par la suite, à travers la coalition Apruebo Dignidad, le Parti communiste a de nouveau fait partie du gouvernement du président Gabriel Boric, élu en 2022.

« Sa vie a été une lutte sans compromis contre l’exploitation des travailleurs et des travailleuses du Chili ; un engagement inébranlable en faveur de la démocratie et de son approfondissement ; un effort permanent pour réaliser l’unité sociale et politique des secteurs populaires démocratiques du pays. Bref, une vie consacrée à l’émancipation et au bonheur du peuple chilien », souligne encore le PCC.