La droite contre l’accueil des femmes afghanes

Suisse • La droite s'emballe sur les questions de réfugiés ou migrants.

Le 25 janvier dernier, l’Agence européenne pour l’asile (AUEA) donnait de nouvelles lignes directrices concernant les femmes afghanes, en raison des «risques de persécution venant de la politique des talibans et de l’application de la charia et ont donc droit au statut de réfugié». Adrew McKinlay, le porte-parole de l’Agence, de préciser: «Etre une femme en Afghanistan, c’est faire face à des mesures restrictives mises en place par les talibans, en matière de liberté d’expression, de circulation, d’accès au travail, d’accès à l’éducation ou aux soins».

Après ces annonces, plusieurs pays européens ont mis en œuvre un accueil systématique de réfugiées afghanes, dont le Danemark et sa politique migratoire restrictive. En Suisse, le SEM a attendu le 17 juillet pour lui aussi finir par assouplir sa pratique. L’UDC et un PLR glissant toujours plus vers la droite n’ont pas attendu longtemps pour émettre leurs oppositions à un tel accueil. Et le 15 septembre, les libéraux-radicaux ont fait paraître un communiqué, signé par plusieurs de leurs têtes d’affiche, pour afficher leurs préoccupations vis-à-vis de la «migration secondaire irrégulière» et du «risque de perte de contrôle sur l’immigration» posé par la question du regroupement familiale que provoquerait la nouvelle pratique d’accueil du SEM (1).

Le PLR reproche, en outre, au Service d’avoir appliqué ce changement «dans le plus grand secret, sans impliquer les commissions parlementaires compétentes». Or, le SEM a le droit de procéder de telle manière, sous sa propre responsabilité, et n’avait qu’à en informer le Tribunal administratif fédéral et d’autres partenaires concernés, ce qu’il a fait. D’après les chiffres du SEM, depuis l’été 2021 et la prise de pouvoir des talibans, près de 5’000 demandes d’asile ont émané de personnes afghanes, dont 1’000 femmes, et 76% ont bénéficié d’une protection, dont près de 50% temporaire. Et si la nouvelle pratique du SEM agrandit les chances d’obtenir une admission définitive, l’absence d’une représentation suisse en Afghanistan fait que le Service ne délivre que très peu de visas humanitaires permettant de quitter ce pays2. Un grand nombre de femmes discriminées doivent donc continuer à subir quelque chose qui n’intéresse ni l’UDC ni le PLR, à savoir, les talibans et leur domination patriarcale.

1 Le SEM doit annuler le changement de pratique, plr.ch

2 La crise en Afghanistan: information clés, sem.admin.ch