D’après le dernier baromètre électoral de la SSR, 27 % des personnes dont le revenu dépasse les 10’000 francs mensuels voteront pour le PLR, même chiffre pour l’UDC. Pour ce qui est des revenus modestes, sous les 4’000 francs, le PLR tombe à 11 %, tandis que l’UDC atteint les 31 % des intentions de vote, et le PS seulement le 17 %. (1) Compte tenu d’un renchérissement généralisé et de salaires honteusement stagnants, les préoccupations des classes populaires suisses sont aujourd’hui nombreuses, le sujet des primes maladies et la question environnementale en tête. Aussi, la majorité des réductions d’impôts pour les entreprises ont été rejetées depuis 2017, une large part de la population a affirmé vouloir une plus stricte réglementation des banques et 40 % des personnes interrogées se sont même dites prêtes à une nationalisation temporaire de Crédit Suisse. De plus, près de 70 % des Suisse·sse·s seraient favorables à une 13ème rente AVS et rejetteraient l’augmentation de l’âge de la retraite proposée par les Jeunes PLR (2).
Or, le programme de la bourgeoisie suisse contraste radicalement avec ces revendications. Les récentes décisions du PLR et de l’UDC au Parlement en témoignent : non à plus de moyens pour lutter contre l’explosion des primes maladie, non au contrôle des loyers, oui aux attaques impitoyables contre les locataires au profit des propriétaires, non à une indexation complète de l’AVS, non aux salaires minimums cantonaux, non à une taxe sur les super-profits, mais oui à une taxe au tonnage. Pour masquer la déconnexion lors de la campagne électorale en cours, l’UDC cherche plutôt à concentrer sa communication sur le «désastre de l’immigration» et à poser la conseillère fédérale BaumeSchneider en ennemie jurée. Le tout en refusant, au Conseil des Etats, l’octroi d’un crédit supplémentaire en vue d’augmenter le nombre de centres pour demandeurs d’asile.
L’UDC soleuroise a par ailleurs décidé de faire liste commune avec Mass-Voll, le mouvement coronasceptique présidé par Nicolas Rimoldi. Ce dernier a pris part, cet été, à une manifestation du mouvement identitaire autrichien pour la «remigration , avant de s’afficher fièrement dans la ville natale d’Hitler sur les réseaux sociaux ; une simple coïncidence, bien sûr (3). La présidente de la section UDC Winterthour a, quant à elle, fait appel à un groupe néonazi pour réaliser sa communication de campagne (4).
Face à la montée de préoccupations sociales, la bourgeoisie sait qu’elle doit faire bloc et pousser à l’alliance PLR-UDC. Pour cela, elle dispose de l’aide d’une partie de la presse dominante, qui se fait plus facilement la caisse de résonance de ses paniques identitaires et sociétales, plutôt que des thèmes sociaux et économiques qui préoccupent réellement une population suisse mal représentée.
1 SRG SSR Wahlbarometer September 2023, p.65
2 Sources : un sondage SSR réalisé en mars et un sondage Tamedia datant de juillet.
3 20 Minuten, 31 juillet 2023
4 Blick, 24 septembre 2023