Erdogan mis en accusation

Vaud • A l'appel du Centre culturel du Kurdistan de Lausanne, la gauche vaudoise et les Verts ont lancé un appel pour la libération d'Abdullah Öcalan, leader kurde, enfermé depuis 1999 dans les géôles turcs. Ailleurs dans autres 60 autres pays, la même demande a été lancée.

La gauche et les écologistes sur la place de la Riponne devant le Palais de Rumine. (Jdr)

C’est devant le Palais de Rumine, qui a vu la fin du rêve d’un territoire autonome kurde en Turquie, suite à la signature du Traité de Lausanne de 1923, que plusieurs intervenants ont demandé la libération d’Abdullah Öcalan, leader du Parti des travailleurs kurdes (PKK). Celui-ci est enfermé sur l’île d’Imrali depuis sa capture en 1999 au Kenya. «Lausanne est un lieu particulier pour les Kurdes, un moment cruel pour cette population», a rappelé en préambule Matthieu Jaccard, architecte et historien de l’art indépendant.

«Aujourd’hui, il est absolument essentiel de libérer Öcalan, figure reconnue parmi les les 20 millions de Kurdes de Turquie. Sa réflexion politique sur le confédéralisme démocratique (inspirée par le le philosophe étasunien Murray Bookchin, ndlr) aborde des enjeux essentiels qui ont tout leur sens dans le monde actuel. On a l’impression que la Turquie cherche à faire taire une voix qui peut apporter des solutions», a-t-il encore précisé lors de cette conférence de presse du 10 octobre.

«Ces dernières années, le président turc, Recep Erdogan, a adopté des positions politiques de plus en plus violentes et autoritaires non seulement contre les Kurdes de Turquie et de Syrie (par ses bombardements sur le Rojava, ndlr), mais aussi contre tous les démocrates dans son pays. Plus que jamais nous devons soutenir leurs luttes», a relevé Joëlle Minacci, d’Ensemble à Gauche, tout en dénonçant le silence des médias et de l’Europe sur la question. «Nous devons accepter tous les requérants turcs et kurdes persécutés par leur gouvernement et dénoncé les actions scandaleuses des services secrets trucs en Europe, y compris en Suisse», a-t-elle jouté.

«Les conditions de détention d’ Öcalan ont fait l’objet d’une condamnation pour traitements inhumains et dégradants par la Cour européenne des droits de l’Homme en 2014. Malgré la levée de l’Etat d’urgence suite à une tentative de coup d’Etat en 2016, les prisonniers sont toujours privés de visites de leur famille et avocats. Nous attendons que la Suisse agisse pour la promotion de la paix et les droits humains et fasse pression sur la Turquie sur ces points», a expliqué Jean Tschopp, du parti socialiste.

«Öcalan est un prisonnier politique, coupable d’être le chef de la 29ème rébellion kurde dans le siècle. Il s’agissait d’une résistance à l’oppression face à une politique d’assimilation forcée pratiquée sur les Kurdes, d’anéantissement culturel et physique. La Turquie a refusé tout dialogue malgré trois cessez-le feu du PKK et un retrait temporaire de la guérilla kurde de Turquie», a ajouté Zakaria Dridi, représentant du POP vaudois.

«De plus, face au HDP (Parti démocratique des peuples, fondé en 2012), le gouvernement d’Erdogan a répondu par une politique brutale, en enfermant son leader, Selahattin Demirtaş et des centaines de responsables et d’élus. 16’000 prisonniers kurdes croupissent dans des conditions inhumaines dans les prisons turques. Ce pays a aussi envahi militairement le nord de la Syrie pour réprimer dans le sang la volonté d’auto organisation du Rojava. Il est l’heure de trouver une solution politique à cette situation et de reconnaître le droit des Kurdes», a-t-il affirmé.

«Nous dénoncons les destructions menées par la Turquie au Rojava, qui est un contre-modèle, écologique, démocratique et féministe pour la région. Öcalan n’est accusé d’aucune charge et attend toujours son procès, il faut le libérer, de même que Figen Yüksekdağ, féministe et co-présidente du HDP, arrêtée en 2016», a soutenu Ilias Panchard, conseiller communal écologiste

Tsipras et Corbyn en renfort

A Strasbourg, au Conseil de l’Europe, les députés du groupe de la Gauche unitaire européenne, emmenés par l’ancien président du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn et l’ancien premier ministre grec, Alexis Tsipras, ont aussi, de leur côté, appelé à rendre possible une solution politique juste et démocratique à la question centenaire des Kurdes de Turquie.