L’annonce par Alain Berset, ministre de la santé, de la hausse massive (+9.1% à Genève) des primes maladie pour 2024 est un nouveau coup de massue pour la majorité de la population.
Cette hausse n’est pas la première puisque, en vingt ans, les primes de l’assurance maladie de base ont augmenté de 159%. Autrement dit, contrairement aux revenus de la majorité de la population, elles sont deux fois et demie plus élevées qu’elles ne l’étaient en 2003.
Ainsi que l’ont relevé Davide De Filippo, président de la CGAS et Jocelyne Haller de solidaritéS, cette hausse frappe particulièrement les couches populaires. «Les failles de la LAMAL, déclare Christian Dandrès au nom de l’AVIVO, imposée par les assureurs et la droite dans les années 1990 rendent cette assurance antisociale et discriminatoire puisqu’elle est financée par tête sans égard de la capacité financière des assuré.es et que les primes sont calculées par les seules caisses».
Ce qui permet à Thomas Wenger, du Parti Socialiste d’affirmer que «quand on sait que Roger Federer paie la même prime maladie qu’un-e employé-e d’un supermarché, c’est insupportable!».
Tobia Schnebli du Parti du travail, Rémy Pagani pour la Liste d’union populaire et Stéphane Camus de Lutte contre l’augmentation des primes des caisses maladie (LCAPAM) ont pour leur part souligné que les caisses parviennent ainsi à transférer les coûts – et les pertes boursières – sur les assuré.es sans pour autant que le mode de calcul soit transparent.
De plus, soulignent Delphine Klopfenstein-Broggini des Vert-e-s et Jessica Pini du Parti du travail, la logique du Parlement fédéral est perverse dans la mesure où elle ne prend en compte que les coûts de la santé, mais ne se préoccupe pas vraiment de la prévention et de son financement, notamment en ce qui concerne les femmes. Et Delphine Klopfenstein d’ajouter que «les lobbies des caisses maladies ont empêché toute réforme de l’assurance maladie, au même titre que les lobbies du tabac, de l’agroalimentaire ou de l’automobile ont entravé toute politique de prévention pour la santé.»
Enfin, les intervenant.es soulignent le risque d’une médecine à deux vitesses que cette logique comporte, avec des personnes qui renoncent aux soins car au bénéfice de franchises trop élevées.
Partant, pour les organisateurs, il n’est plus question de se laisser assommer, mais de se révolter, en exigeant d’une part la création d’une caisse unique publique aux cotisations proportionnelles au revenu et à la fortune et un moratoire sur l’entrée en vigueur des nouvelles primes.
Cette possibilité de décréter un moratoire est une prérogative du Conseil fédéral, affirme Paolo Gilardi de la CGAS. «Il s’était arrogé des pouvoirs étendus pour assurer la santé de la population du temps du COVID, il peut aujourd’hui décréter un moratoire, sans diminution des prestations, à la hausse des primes des caisses maladie», souligne-t-il.
A Lausanne aussi
Une marche contre la hausse des primes, organisée par les Vert.e.s, le Jeunes POP, le Parti socialiste vaudois, le Parti Pirate et solidaritéS, aura lieu le samedi 14 octobre dès 14h30 à la Place de l’Europe.
«Le système de la LaMal est profondément malade, il écrase financièrement les ménages à revenus modestes et moyens, en ne prenant pas en compte la capacité contributive des personnes. Le marché privé et concurrentiel des caisses maladies a montré ses limites : depuis 20 ans, les primes maladie ont plus que doublé dans notre pays», relèvent les organisateurs.