Un animal politique. C’est l’image que laissera Christian Grobet, maître d’œuvre d’un texte majeur pour la protection des locataires à Genève, la fameuse Loi sur les démolitions, transformations et rénovations de maisons d’habitation (LDTR). Celle-ci fixe un montant maximum des loyers des logements après travaux ou calibre l’exercice du droit d’expropriation des appartements locatifs laissés abusivement vides.
Né en 1941 aux Etats-Unis, Christian Grobet était un membre de poids du Parti socialiste. Avocat dans sa propre étude et pour l’Asloca-Genève (association de défense des locataires) pendant 13 ans, il est élu au Conseil municipal de la Ville dès 1967. En 1981, il devient conseiller d’Etat, poste où il siégera jusqu’en 1993, après avoir été conseiller rational de 1975 à 1982. Durant son mandat, en charge du Département des Travaux publics, il aura à gérer le pharaonique chantier de l’autoroute de contournement de Genève. Ancien opposant à ce projet avant son élection, il l’a construite en cherchant à minimiser au maximum son impact sur la campagne genevoise
En 1993, le PS lui refuse l’investiture et il se présente comme candidat de l’Alliance de gauche (1993-2006) pour les Indépendants, une des composantes de la coalition avec le Parti du Travail (PdT) et SolidaritéS. Si Christian Grobet échoue de peu, l’Alliance fait un score historique et décroche 21 sièges sur 100, dans un climat d’austérité maqué par l’émergence d’un gouvernement de droit monocolore. Tout en étant député cantonal de 1993 à 2005, il parvient à se faire élire à Berne de 1995 à 2003, siégeant alors au sein du groupe socialiste. Il appartient alors à la commission des constructions publiques.
En 2005, sa liste n’obtient pas le quorum et il n’est pas réélu. Mais en 2008, il est propulsé à l’assemblée constituante genevoise pour préparer une nouvelle constitution, sur la liste de l’AVIVO (défense des retraités) qui obtient neuf élus. En 2013, grand retour au Grand Conseil sous l’étiquette d’Ensemble à Gauche avant de le quitter définitivement en 2018, du fait de sa maladie.
Comme avocat, Christian Grobet a également été un fervent militant pour les droits humains. Il a défendu de nombreux opposants politiques, notamment en Grèce durant la dictature des colonels, en Iran ou plus récemment en Tunisie. Il a également défendu un grand nombre d’objecteurs de conscience et a pris part aux mobilisations pour la réhabilitation des anciens brigadistes suisses de la guerre d’Espagne.
Proche des gens
Né en 1943, René Ecuyer est aussi un autre figure de la gauche genevoise. Membre indéfectible du Parti du Travail et travailleur social à l’Avivo Genève, il aura aussi vécu une longue carrière politique, en étant membre du Grand Conseil genevois de 1980 à 2005, après avoir été élu du Conseil municipal. Loin des grands discours et théories, même si sa voix était très écoutée et suivie lors des assemblées de parti, il aura toujours été un homme de terrain, proche des gens et de la classe travailleuse. Dans le cadre de son travail, il aura souvent accompagné des usagers lésés devant les tribunaux des prud’hommes ou des baux et loyers, ainsi qu’aidé nombre d’entre eux à remplir leur feuille de declaration d’impôts.
Plume ironique, il aura longtemps tenu une rubrique dans VO Réalités (prédécesseur de Gauchebdo et Voix populaire). Toujours enjoué et convivial, René faisait montre d’une chaleur humaine et d’une empathie toujours sincères.
Infatigable récolteur de signatures dans la rue et fervent visiteur de la fête de L’Humanité, montant à Paris avec son van, il était l’incarnation de la lutte des petits contre les pouvoirs politiques ou économiques.
«Toute sa vie, et jusqu’à son dernier souffle, il fut profondément dévoué à la cause de la justice sociale, de la classe ouvrière, de la lutte de notre Parti pour changer cette société», relève le PdT. «Nous gardons le souvenir marquant d’un homme engagé qui a consacré sa vie à défendre les droits des retraités et des personnes vivant modestement», souligne l’Avivo Genève. Toutes nos condoléances à son épouse, Hélène et ses deux enfants, Annick et Sébastien.
La cérémonie d’adieu à René Ecuyer aura lieu le 3 janvier 2024 à 15 heures à la Chapelle Camoletti à Saint-Georges.