«Depuis leur bureau, certains politiciens ont ouï dire que les profs étaient trop en vacances, d’autres ont aussi regardé chez les voisins (chez lesquels la semaine est à 42h contrairement à Genève où elle compte les habituelles 40h), puis ils ont posé les yeux sur leur calculatrice et après quelques touches tapotées, ces gens ont émis l’idée que les enseignants du CO pourraient donner cours 2h ou mieux encore 6h de plus chaque semaine», ironise la Fédération des Associations des Maître.sse.s du Cycle d’Orientation (Famco).
Pour faire entendre leur colère, plus de 1’000 enseignant.es du Cycle d’orientation se sont rassemblé·le jeudi 1er février pour manifester leur refus du projet de leur ministre, Anne Hiltpold et de celui de la droite du Grand Conseil, voulant augmenter ce même horaire de six périodes. C’est in extremis que le projet de loi (PL 12’661, déposé en 2020), visant à imposer «par en haut» la mesure contestée par les enseignant.es, n’a pas été voté par le Grand Conseil, la session s’étant terminée avant.
«Il s’agit là en réalité d’un plan couvé depuis longtemps par les adversaires de l’école et des services publics. Qu’on ne s’y trompe pas, cette attaque sur le CO ne saurait être la dernière. Quant aux autres ordres d’enseignement, ils seront bientôt concernés par des mesures similaires», a commenté le syndicat SSP.
Pour maintenir la pression sur la ministre radicale en charge du Département de l’instruction publique (DIP), les professeurs ont entamé depuis le 5 février et pour une semaine un mouvement de grève.
Les profs du primaire aussi en colère
Le Grand Conseil genevois vient tout juste d’approuver un texte visant à modifier la Loi sur l’instruction publique (LIP) afin de réduire le temps de formation des enseignant·es de l’école primaire et de l’enseignement spécialisé, en faisant passer la formation du cursus à trois ans (contre 4 actuellement).
«Moins on forme les gens, moins on a besoin de les payer. C’est le calcul de la droite et de l’UDC. Cela va toucher en premier lieu les femmes, qui sont nombreuses dans l’enseignement primaire», a souligné Cyril Mizrahi (PS) dans les débats.
«Non seulement, cette loi s’inscrit à l’encontre de l’augmentation de la complexité des situations et des besoins dans un canton urbain présentant une grande diversité sociale, mais elle est totalement irresponsable eu égard aux enjeux que les enseignant·es doivent appréhender notamment depuis la mise en œuvre de l’école inclusive, qui a relevé au contraire le besoin de prolonger la formation initiale», dénonce la Société pédagogique genevoise (SPG).
«Ce vote ne fait que consacrer le mépris que porte la droite genevoise à l’égard des premiers degrés de l’école, où l’on se contente visiblement de « torcher des fesses« selon un député UDC, et le peu de cas qu’elle fait globalement de l’enseignement public», tempête Francesca Marchesini, présidente de la SPG. Un référendum sera lancé contre la loi.