Une pétition pour la Palestine déposée à Berne

Suisse • Le Parti du Travail a lancé avec succès une pétition qui demande notamment un cessez-le-feu à Gaza. Interview de Seyhan Karakuyu, co-secrétaire du parti. (par Siro Torresan, paru dans Vorwaerts)

Seyhan Karakuyu, co-secrétaire du PST-POP. (Vorwaerts)

Que demande la pétition et quelle est la principale raison de son lancement?

Seyhan Karakuyu La pétition est adressée au Conseil fédéral et demande en premier lieu des mesures humanitaires de base pour Gaza, comme par exemple des corridors sûrs et un cessez-le-feu. Elle vise à rappeler au Conseil fédéral les devoirs de la Suisse, qui se veut neutre. Car ces droits humanitaires sont ancrés dans le droit international. Cela signifie pour la Suisse une obligation plutôt qu’une action optionnelle. Toutefois, nous ne nous limitons pas à la dernière offensive de l’Etat d’Israël. Les 75 ans d’occupation de la Palestine historique et la politique d’Israël conduisent à l’absence de paix à long terme. La Suisse doit s’engager pour la fin de l’occupation de la Palestine et pour une solution politique qui garantisse les droits du peuple palestinien à l’autodétermination et à la souveraineté.

La pétition n’est cependant pas notre seul engagement: la solidarité avec la Palestine doit se manifester à tous les niveaux, que ce soit dans la rue, dans les institutions, les syndicats ou les campagnes politiques. Depuis octobre, la répression contre ce mouvement de solidarité s’est intensifiée, de sorte que nous exprimons par cette pétition notre lutte contre la censure et la criminalisation du mouvement de solidarité. Les structures antidémocratiques et répressives d’Israël ont une influence sur l’Europe.

Dans quel but la pétition a-t-elle été lancée? Et cet objectif a-t-il été atteint?

La pétition doit servir à faire connaître au Conseil fédéral les revendications des personnes concernées et des personnes solidaires. C’est un signal de la population vivant en Suisse, qu’elle ait ou non le droit de vote. La récolte de signatures nous a permis de rentrer en contact avec toutes ces personnes. Leurs revendications doivent être davantage prises en compte et présentées dans toutes les instances possibles. Nous avons atteint cet objectif, quelle que soit la réponse du Conseil fédéral.

Combien de signatures ont été récoltées?

De manière générale, les membres du Parti suisse du travail (PST-POP) et de la Jeunesse communiste ont récolté des signatures lors de rassemblements et de manifestations. Dans les médias sociaux, la pétition a été bien diffusée parmi les mouvements de solidarité avec la Palestine, ce qui nous a permis de récolter des signatures en ligne également. Ces signatures proviennent principalement des membres de l’association faîtière Suisse-Palestine.

De même, la collecte a eu lieu lors des manifestations organisées par l’association faîtière. Je n’ai pas encore d’indications précises sur le nombre de signatures, car il y a encore un énorme tas de feuilles de pétition remplies à compter – mais il y en a certainement plusieurs milliers.

Le PST-POP fait partie de l’association faîtière Suisse-Palestine. Comment a-t-elle été créée et quels sont ses objectifs?

Conscient de la nécessité de réagir de manière plus offensive en Suisse, le PST-POP, en sus de la pétition, a convoqué, avec d’autres organisations de solidarité de toute la Suisse, une conférence afin de débattre des possibilités d’un front national. Cette conférence a eu lieu le 11 novembre 2023 à Lausanne, à la Maison du Peuple. Suite à une solide discussion, les revendications suivantes ont été formulées, qui sont également considérées comme une évidence pour les membres de l’association faîtière: nous revendiquons en premier lieu à un cessez-le-feu, nous appelons à un boycott et nous exigeons la liberté et l’autodétermination pour le peuple palestinien, la fin de l’occupation et le droit au retour, mais aussi le respect des droits humains fondamentaux et du droit international, la fin de la coopération militaire avec Israël et l’arrêt de la criminalisation de la résistance palestinienne.

A l’intérieur de l’association faîtière, existent des groupes de travail dans les domaines politique, académique, syndical,de la communication et du soutien au boycott, auxquels les organisations et les personnes peuvent participer.

La solidarité avec la Palestine et une Palestine libre est une question liée à de nombreux sujets de société, à la liberté de la science, au droit du travail, au féminisme, à l’écologie et à la paix. Elle nous concerne, où que nous vivions. Ces tâches responsables doivent répondre à la résistance et au désir de paix et de liberté. Des partis politiques importants comme le PST ou SolidaritéS, des organisations comme Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS Suisse), Comité Urgence Palestine, Bern4Palestine, Basel4Palestin, le Mouvement suisse pour la paix et bien d’autres, du Tessin à Genève en passant par Zurich, font partie de l’association faîtière. Cette dernière a organisé avec succès une manifestation à Bâle le 13 janvier, à laquelle ont participé environ 7’000 personnes. La manifestation s’est déroulée de manière pacifique et combative. L’atmosphère était très impressionnante, on se sentait fort et à l’aise. De tels événements sont importants pour la cohésion.

Quelles ont été les réactions à la pétition?

Les réactions à la pétition sont plutôt positives. Les gens nous remercient de notre engagement. Le contact et les réactions positives sont ce qui compte pour nous. Cela dément également les critiques prétendant qu’«il ne faut pas nourrir d’attentes vis-à-vis des instances civiles». Le mouvement de solidarité avec la Palestine montre qu’il a suffisamment de force pour utiliser n’importe quelle plateforme comme scène politique.

Quelles actions le PST-POP prévoit-il après la remise de la pétition?

Concrètement, aucune autre action n’est encore prévue, on ne fait pas une la pétition tous les jours, mais nous continuons à nous battre.

La pétition a été remise le 6 février à la chancellerie à Berne.