Les licenciements chez ESH Médias suscitent la riposte

Suisse • Suite à l'annonce de licenciements dans les rédactions du groupe ESH Médias, le syndicat Impressum et le POP revendiquent des aides à la presse.

Le 30 janvier, la direction générale d’ESH Médias (Le Nouvelliste, Arcinfo, La Côte, Journal de de Sierre, Journal de la région de Cossonay) a annoncé la suppression la suppression d’environ 40 postes, dont une dizaine au sein des rédactions, soit plus de 10% des effectifs du groupe. Au final, ce seront 27 emplois qui disparaitront selon les dernières informations. Pour justifier ce dégraissage, le directeur du groupe, Sébastien Hersant évoquait la «décroissance du marché publicitaire» ou le fait que les revenus des abonnements numériques ne compensaient pas suffisamment la baisse des revenus issus des abonnements print. Une période de consultation courait jusqu’au 16 février.

Pour l’Association neuchâteloise des journalistes (ANJ) et le syndicat Impressum, c’est la consternation qui prédomine. «C’est à une véritable saignée dans le journalisme que l’on assiste actuellement en Suisse romande, avec les récents licenciements massifs dans les groupes Tamedia et Ringier. En fin de compte, c’est le lecteur qui se trouve pénalisé en bout de chaîne avec une couverture tronquée de l’actualité», relèvent les deux associations.

Ils en appellent «solennellement» aux responsables politiques et à une aide publique. Ils expliquent qu’après le rejet dans les urnes en février 2023 du projet d’aide fédérale à la presse, qui prévoyait une hausse des aides de 151 millions de francs par an par rapport au régime actuel, notamment pour la distribution des journaux et magazines, et des aides directes pour les médias en ligne, le parlement avait annoncé remettre l’ouvrage sur le métier.

«Mais pour l’heure, le dossier paraît être en veilleuse et les parlementaires assistent, impuissants, voire indifférents, à la mort à petit feu de la presse écrite, mais aussi des médias électroniques, chaînes de la RTS et des radios-télévisions régionales confondues qui sont aussi menacées par le projet de diminution de la redevance», critiquent-ils.

L’inquiétude est aussi de mise chez certains partis neuchâtelois. Dans un communiqué, le POP évoque la responsabilité sociale de l’employeur. «Les diminutions incessantes de postes de travail dans le monde des médias est un réel danger pour notre démocratie. Celle-ci a besoin de médias ayant suffisamment de moyens pour proposer du journalisme de qualité. Dans le canton de Neuchâtel, nous avons pu observer ces 15 dernières années une diminution de la couverture des actualités locales par les professionnels des médias», relève Julien Gressot, président du POP, rappelant que son parti avait soutenu les employés de L’Express dans leur combat lors de la grève de 2008

«Le manque de soutien politique actuel est catastrophique. La baisse de la redevance mise en consultation ou l’insuffisante aide indirecte à la presse affaiblissent nos médias. Nous avons besoin, à Neuchâtel comme ailleurs, de médias qui fouillent, de manière la plus objective possible, qui critiquent leurs autorités, qui recherchent la vérité journalistique en recoupant les informations, qui racontent les réalités des habitants. La diminution de leurs ressources et la course aux clics sur le web pour faire du chiffre mettent en danger la nécessaire qualité», précise-t-il, expliquant que son parti serait donc favorable à une intervention étatique en faveur des médias, dont il resterait à définir les modalités.

Une interpellation sur le sujet, de même que sur les risques liés à une baisse de la redevance pour la SSR, a été déposée par le député socialiste, Romain Dubois au Grand Conseil neuchâtelois. Elle sera traitée le 21 février.