Le 9 juin prochain, l’électorat genevois sera appelé à se prononcer sur une initiative demandant l’extension des droits de vote et d’éligibilité, sur le plan cantonal, aux étranger.e.s résidant dans le canton et qui vivent en Suisse depuis huit ans au moins. (1) Ce projet représente une chance pour tout le monde, Suisses et étrangers. La Constitution fédérale laisse en effet aux cantons le choix d’étendre ou non les droits politiques cantonaux et communaux. Profitons de cette possibilité !
Aujourd’hui, seuls deux cantons octroient aux étrangers le droit de vote aux niveaux cantonal et communal : Jura et Neuchâtel. Aucun canton n’octroie le droit d’éligibilité à ce niveau. Quatre cantons octroient aux étrangers le droit de vote et d’éligibilité au niveau communal: Neuchâtel, Jura, Vaud et Fribourg. Trois cantons alémaniques autorisent leurs communes à introduire le droit de vote aux étrangers. Genève pour sa part leur accorde le droit de vote au niveau communal.
Or si 25 % de la population résidente dans ce pays ne possède pas le passeport suisse, la situation dans le canton de Genève est encore plus prononcée: 40% de la population y résidant en sont dépourvus. Il est grand temps d’élargir la démocratie en tenant compte des nombreux arguments qui militent en faveur du oui.
L’identité genevoise est très internationale, et le système politique cantonal doit être en accord avec celle-ci. Ces 40% d’étrangers vivent et travaillent ici, ils contribuent à la prospérité du canton. Beaucoup d’entre elles et eux sont nés ici.
L’extension des droits politiques renforce l’intégration. Le droit de vote et d’éligibilité au niveau cantonal permet de s’identifier à la société d’accueil. Ils contribuent au renforcement de la cohésion sociale et culturelle, chaque individu vivant ici devant et pouvant y contribuer. La population étrangère résidente de longue date dans le pays et le canton peut ainsi participer pleinement à la vie locale et s’exprimer sur des objets cantonaux ayant plus d’impact sur la vie quotidienne que les objets communaux. Par la réflexion qu’il génère, l’exercice des droits politiques contribue à la formation d’une citoyenneté pleine et entière, les personnes s’incorporant ainsi davantage dans le tissu social et politique local.
Concernant la naturalisation, le marathon administratif qu’elle représente la rend difficile. L’arbitraire entache encore malheureusement de plus régulièrement la procédure. Il faut donc la faire précéder par une entrée progressive dans la vie sociale et politique. Beaucoup de gens concernés ne demandent pas à être naturalisés car ils ne se sentent pas très bien intégrés. Or, l’extension des droits politiques permettra de mieux inclure ces personnes dans le système politique local, et par extension suisse. Elle aura pour effet de dynamiser les demandes de naturalisation.
L’extension des droits politiques aux étrangers au niveau cantonal peut être conçue comme une réponse au vieillissement de la population et au besoin d’augmenter la participation électorale. Elle permet d’accroître la légitimité démocratique en augmentant le niveau d’adhésion à nos institutions.
Du fait de leur mise à l’écart, de nombreuses personnes, surtout des jeunes nés en Suisse ou venus en Suisse comme enfants, restent longtemps exclus du droit de citoyenneté cantonale et suisse. L’initiative met ainsi fin à une injustice flagrante.
Les années de résidence donnent aux étrangers le temps de s’intégrer à la vie du pays et du canton. Ils peuvent ainsi renforcer leur engagement civique. De nombreuse personnes issues de l’immigration sont en effet engagées dans des groupements et associations locales. Il ne s’agit pas de «forcer» les personnes qui ne le peuvent pas à voter, mais à leur en donner la possibilité. Les personnes non intéressées ne voteront de toute façon pas, l’acceptation de l’initiative profiterait donc uniquement aux personnes souhaitant s’engager davantage dans la vie politique.
Enfin, la complexité du système des votations et d’élections peut expliquer en partie le faible pourcentage de votants étrangers au niveau communal, et ce n’est pas seulement par des cours d’éducation civique qu’on apprend à connaître et à comprendre ce système, mais en le pratiquant concrètement par l’exercice des droits politiques.
Pour un canton de Genève plus juste, inclusif et démocratique, votons oui le 9 juin à l’initiative «Une vie ici, Une voix ici!»
http://https://www.sit-syndicat.ch/spip/IMG/pdf/Initiative_une_vie_ici_une_voix_ici.pdf.
Signataires:
Jean-Marie Mellana, Ancien membre du comité du PS Ville de Genève
Emmanuel Deonna, Ancien député et ancien conseiller municipal, Ville de Genève
Gabriel Barta, vice-président, BIEN CH et ancien trésorier du PS genevois
Wahba Ghaly, conseiller municipal, Vernier
Commission Migration et Genève internationale, PS genevois
Cosignataires :
Hafez Abou Al-Chamat, Spécialiste de la migration
Marie-France Anex, Membre du Groupe PS 60+
Kossi Atsou, Membre de la commission Migration et Genève internationale, PS genevois
Olga Baranova, Co-présidente de la commission spécialisée «Politique extérieure» du PS Suisse
Maria Bernasconi, Ancienne conseillère nationale
Olivia Bessat, Conseillère municipale Ville de Genève et co-présidente du PS Ville de Genève
Mounir Boulmerka, Architecte
Oriana Brücker, Conseillère municipale PS Ville de Genève et députée suppléante
Christian Dandrès, Conseiller national
Halima Delimi, Consultante en management créatif
Eya Nchama Cruz Melchor, Conseiller municipal, Grand-Saconnex
Eloisa Gonzalez, Collaboratrice personnelle de la Conseillère d’Etat
Francisco Gonzalez, Ancien trésorier du PS genevois
Ibrahima Guissé, PhD, Sociologue
Habiyakare Odette, Conseilère municipale,
Ahmed Jama, Conseiller municipal, Ville de Genève
Sami Kanaan, Conseiller administratif, Ville de Genève
Fayruz Kashef, Conseillère municipale, Lancy
Christina Kitsos, Conseillère administrative, Ville de Genève
Eddie Lacombe, Militant pour les droits des migrant.e.s
Stéphanie Lammar, Conseillère administrative, Carouge
Nathalie Leuenberger, Conseillère administrative, Meyrin
René Longet, Ancien conseiller national et maire d’Onex
Badya Luthi, Ancienne députée au Grand Conseil
Yves Magat, Journaliste
Dalya Mitri, Conseillère municipale, Ville de Genève
Jacqueline Menoud, Conseillère municipale, Thônex
Caroline Marti, Députée au Grand Conseil genevois et cheffe de groupe
Liliane Maury-Pasquier, Ancienne conseillère nationale et conseillère aux Etats
René-Simon Meyer, Ancien président de l’Association pour le personnel de la Confédération
Claudia Micciche, Responsable communication, secteur international
Cyril Mizrahi, Député au Grand Conseil genevois
Laurent Moutinot, Ancien conseiller d’État
Salima Moyard, Conseillère administrative, Lancy
Gaspard Piguet, Président de la Commission santé-sociale du PS genevois
Michel Pomatto, Conseiller administratif, Grand-Saconnex
Estelle Revaz, Conseillère nationale
Laurence Fehlmann Rielle, Conseillère nationale
Jean-Charles Rielle, Député au Grand Conseil
Carla Paola Ruta, Conseillère municipale, Grand-Saconnex
Florian Schweri, Conseiller municipal, Ville de Genève
Salma Selle, Conseillère municipale, Ville de Genève
Melete Solomon, Conseillère municipale, Ville de Genève
Carlo Sommaruga, Conseiller aux Etats
Martin Staub, Conseiller administratif, Vernier
Sylvain Thévoz, Député au Grand Conseil
Manuel Tornare, ancien conseiller national et Maire de Genève
Thierry Tanquerel, Professeur honoraire, Université de Genève
Santiago Vallejo, Membre du PS Migrant.e.s suisse
Jean Ziegler, Professeur honoraire de sociologie (UNIGE) et ancien conseiller national
Manuel Zwyssig, Conseiller municipal et co-président du PS Ville de Genève