Pour justifier la fermeture des centres d’impression, TX Group fait référence à des surcapacités dans le secteur des imprimeries. A terme, le groupe ne conservera que son imprimerie de Berne. «Les changements opérés dans le portefeuille de marques occasionnent la suppression d’environ 90 postes au sein des rédactions, sous réserve des résultats des procédures de consultation. Des plans sociaux, incluant la possibilité de retraite anticipée, sont prévus», précise encore le groupe dans un communiqué. Celui-ci veut particulièrement développer quatre journaux sur les canaux numériques, Tages-Anzeiger, BZ Berner Zeitung, Basler Zeitung et 24 heures (au détriment de la Tribune de Genève, telle est la question). Toutes les autres présences numériques propres des autres titres seront par conséquent supprimées, comme Zuonline.ch (le Zürcher Unterländer) ou lematindimanche.ch (Le Matin Dimanche).
Face à ces nouveaux licenciements, qui combleront avant tout les actionnaires du groupe, les syndicats du secteur ont immédiatement réagi. Syndicom critique ce coup de force. «Au cours des 15 dernières années, les actionnaires de TX Group, propriétaire de Tamedia, ont empoché plus de 670 millions de dividendes sur 2,2 milliards de bénéfices tandis que des centaines d’employé-es étaient licencié-es. TX Group reste très rentable, cette politique de démantèlement sans égard pour les collaborateurs-trices doit prendre fin», souligne Stephanie Vonarburg, vice-présidente du syndicat syndicom et responsable du secteur médias. «Tamedia se retire du marché de l’impression, sans réelle urgence économique, pour vendre ses immeubles de Lausanne et Zurich au prix fort. C’est inacceptable et dramatique pour les employé-es. Nous exigeons que Tamedia assume sa responsabilité sociale», précise encore Michael Moser, secrétaire central du secteur médias au syndicat, qui appelle les salarié.e.s à participer aux assemblées du personnel. Conjointement avec les commissions du personnel, le syndicat veut s’implique pour le maintien des emplois et pour l’amélioration du plan social et des conditions de travail.
Un nouveau séisme
Pour sa part, Impressum dénonce un «séisme». «Le fait qu’après les 80 licenciements prévus en 2023, 90 postes à plein temps doivent déjà être supprimés témoigne d’une stratégie d’entreprise autodestructrice. Même si les produits de Tamedia n’atteignent pas actuellement l’objectif d’entreprise extrêmement ambitieux pour ce secteur, à savoir un rendement d’au moins 8-10%, il n’en reste pas moins que les titres sont globalement rentables et rapportent 2%», relève le syndicat, qui en appelle à un moratoire sur les licenciements pendant plusieurs années. Il annonce aussi qu’il mettra tout en œuvre, avec le personnel concerné, pour éviter les licenciements et obtenir les meilleures mesures d’accompagnement pour les personnes concernées par un licenciement.
Les Cantons de Genève et de Vaud ont fait part de leurs vives préoccupations et voudraient rencontrer la direction de Tamedia. Même inquiétudes pour les villes comme Lausanne, Genève ou Bussigny, où se trouve l’imprimerie menacée. «Cette fermeture va supprimer des emplois et assurément précipiter la fin d’un vrai savoir-faire en Suisse romande lié aux métiers de l’impression. Cette fermeture impliquera aussi des conséquences pour d’autres titres de presse comme Le Temps ou le Lausanne Cité imprimés actuellement à Bussigny», relève le trio.
Du côté des partis, le POP Vaud considère ces suppressions de poste comme inadmissibles. «En voulant remanier ses titres, c’est petit à petit, étape par étape que la presse, que certains journaux, sont en train de disparaître, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour la diversité médiatique», estime le parti.