Débrayage devant les rédactions de Tamedia

Suisse • Les rédactions du groupe Tamedia sont descendues dans la rue pour dénoncer les licenciements.

La rédaction de la TdG s'est retrouvée devant ses locaux. (JDr)

Ce 12 septembre 2024 entre 11h et 12h, en réponse au silence de leur direction suite à plusieurs interpellations, les rédactions des titres payants de TX Group ont suspendu leur journée de travail pour se rassembler devant la Tour Tamedia à Lausanne et devant les locaux de la Tribune de Genève. Dans la cité du bout du lac, plusieurs orateurs et militants ont pris la parole aux abords du Cimetière des Rois devant le bâtiment de la TdG pour fustiger le licenciement de 290 travailleurs (200 dans les imprimeries et 90 dans les rédactions). Un  calicot tout en noir « Sans nous, qui parlera de vous? » est accroché à  l’entrée  de l’entreprise. «Tamedia représente 70% des médias romands et met en danger tout un secteur. L’entreprise a érigé en priorité une exploitation démesurée de ses titres payants alors que le groupe a versé 45,7 millions de dividendes à ses actionnaires l’année passée. C’est inacceptable», a rappelé Michel Guillot de Syndicom.«Avec les dizaines de licenciements qui s’annoncent à la RTS, les journalistes doivent d’unir et se serrer les coudes», assure Séverine Chave, du syndicat Impressum et présidente de l’Association genevoise des journalistes (AGJ).

«Ce sont les journalistes qui font le journalisme et pas les employeurs et directions des médias», a souligné un responsable d’Impressum, en rappelant qu’une concertation avec les journalistes aurait dû avoir lieu en amont de tous les licenciements. «Nous projetons de recourir à la justice pour faire reconnaître votre droit», a-t-il précisé.

Membre de la société du personnel, Rocco Zacheo a dépeint un tableau dramatique de la situation. «La direction nous annonce une mort à petit feu. Elle a attaqué la peau et les muscles de la rédaction, maintenant elle rabote l’os, ce qui nous interdit de marcher et de nous tenir droit. Nous avons perdu un tiers de nos effectifs ces dernières années. Le travail devient impossible. Nous devons renvoyer la direction à ses responsabilités morales et lui demandons de venir s’asseoir à une table pour discuter de l’avenir du titre, mais aussi plus largement nous voulons lancer une réflexion collective pour défendre la survie de l’ensemble du paysage médiatique romand».

Pour l’heure, le personnel ne connaît pas encore les contours concrets de ce lourd  dégraissage. « C’est difficile de travailler dans ces conditions », assure un salarié.

Des représentants politiques de la gauche et des Vert-e-s ont aussi témoigné de leur solidarité avec le mouvement naissant de résistance au démantèlement, rappelant que des motions urgentes sur le sujet avaient été déposées et acceptée au Grand Conseil comme au Conseil municipal.

Le 17 septembre, le plan concret était présenté, avec la suppression de 55 équivalents temps plein et a fusion des rédactions. « Ces coupes menacent l’existence des journaux régionaux et locaux et détruit la diversité médiatique au sein de l’entreprise », estime Syndicom.