Axecycle: réparer son vélo soi-même

Société • Depuis 2019, l’association Axécycle propose des ateliers participatifs populaires, dans le but de rendre la remise en état de vélos la plus accessible possible. Installé à la place de la Riponne à Lausanne depuis 2023, l’atelier propose une perspective émancipatrice sur la réparation de vélo.

Les usagers d’Axécycle mettent aussi la main dans le cambouis lors des réparations.(DR)

Les mardis et les jeudis soir, de 17 heures à 20 heures, l’atelier d’Axecycle s’ouvre au public. L’association lausannoise accueille dans ses locaux des cyclistes pour les aider dans leurs retapages. « L’idée, c’est de donner des conseils aux gens et leur expliquer comment réparer » raconte Alice, membre du comité. Ici, les outils et les pièces sont en libre accès et les usagers s’occupent eux-mêmes de leur réparation. Lorsqu’ils ont besoin d’un œil expert, un bénévole se met à disposition pour aider. En plus de cela, l’association vend aussi des vélos d’occasion remis à neuf ou donnés.

Une fois la restauration terminée, le prix est libre et chacun peut payer selon ses moyens. Bien entendu, un tarif conseillé est fixé pour les pièces, afin que l’atelier puisse rentrer dans ses frais.

Lier social et recyclage

Pour permettre une tarification aussi abordable sur ses pièces et ses vélos, l’atelier utilise en grande partie des produits recyclés. La majorité des pièces vient de dons ou de vélos irréparables démontés. Ainsi, beaucoup de vélos peuvent être démontés pour en tirer certaines pièces qui peuvent encore servir ailleurs.

Ces tarifs permettent à l’association d’être fréquentée par tout type de profils et de tout âge. Ce sont à la fois des étudiants, des travailleurs ou des populations précarisées qui se retrouvent les soirs d’ouverture. L’année passée, environ 900 Lausannois et Lausannoises ont fréquenté le hangar lors des ateliers.

Un enjeu d’autoformation

Une dimension importante d’Axécycle, c’est l’accent mis sur l’autoformation et l’apprentissage. Les membres de l’association et les bénévoles sont là pour encadrer les usagers, les aider à apprendre à se servir des outils et connaître les pièces d’un vélo. A travers cette pratique, certains y prennent goût et décident de transmettre leurs compétences, voire même de rejoindre l’association activement. C’est le cas de plusieurs membres du comité d’Axécycle, qui ont commencé comme de simples usagers de l’atelier.
Au-delà de cela, l’association rétablit une pratique qui semble devenir de plus en plus rare : les réparations. « Certaines sont très rapides, mais les gens sont désemparés, ils croient que leur vélo est cassé », explique Alice. « L’important, c’est de se rendre compte que c’est faisable », poursuit-elle.

En effet, à l’heure des produits hautement manufacturés et de la surconsommation, la pratique de la réparation semble nous échapper. Lorsque ça ne fonctionne plus, il est souvent moins coûteux et plus pratique de jeter et de racheter que de réparer. Cependant, cet abandon nous aliène jusqu’à nos propres objets, en nous les soustrayant à notre possible champ d’action et nous laisse dans une situation d’impuissance. Axécycle permet, à travers son atelier accessible au plus grand nombre, de se familiariser avec le travail manuel et de se réapproprier son vélo.

Une alternative qui existe ailleurs en Romandie

Mais l’atelier d’Axécycle n’est pas le seul dans son genre en Romandie. En effet, des initiatives qui se veulent populaires et participatives ont émergé ailleurs. Toujours dans le canton, il existe le Rayon X à Vevey. A Neuchâtel, c’est le Black Office dans la capitale cantonale et l’association RoueLibre à la Chaux-de-Fonds. Enfin, à Genève, la Bicyclette Bleue ainsi que le Pavillon Cayla.