COP 28: bilan plus que mitigé

Environnement • La nouvelle version d’un texte dévoilé par la présidence émiratie de la COP 28 visant à atteindre la neutralité carbone a été signée par les 200 pays ce mercredi 12 décembre. Si ce projet de compromis mentionne les énergies fossiles, il vise à une «transition» plutôt qu’à une sortie.

«Pour la première fois, les combustibles fossiles sont explicitement mentionnés, mais il n’est pas question de leur élimination. A cet égard, nous sommes reconnaissants du travail de la société civile et en particulier des communautés du Sud qui se sont mobilisées pour éviter la catastrophe redoutée, grâce à laquelle cette mention a finalement été obtenue. Cependant, le texte manque de la force nécessaire en ne parlant pas d’élimination, et bien qu’il se réfère à la limitation de l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels inscrits dans l’Accord de Paris (2015). l’objectif reste lettre morte avec une simple « invitation amicale » à se joindre aux efforts mondiaux, encore plus après les résultats dévastateurs du rapport sur l’écart des émissions», décrypte Les Amis de la Terre Espagne à l’issue du sommet.

«Il est très inquiétant que l’accord final reflète le propos de l’industrie des combustibles fossiles selon lequel des technologies non éprouvées comme le captage et le stockage du carbone, qui n’existent pas encore, apporteront d’une manière ou d’une autre la réponse au réchauffement de la planète. L’accent mis sur le rôle des « combustibles de transition » dans la transition énergétique et la faiblesse des dispositions relatives à l’élimination progressive des subventions aux combustibles fossiles, donnent à l’industrie des combustibles fossiles une dérogation lui permettant de continuer à accroître sa production», renchérit Ann Harrison, conseillère d’Amnesty International en matière de climat dans un communiqué.

Fonds en manque

Pour l’association suisse Alliance Sud, centre de compétences pour la coopération internationale et la politique de développement, les résultats des négociations de cette COP 28 sont aussi matière à critiques. «Le manque de financement est le plus grand obstacle pour les Etats du Sud global à entamer une transition juste et la plus grande injustice pour les personnes les plus pauvres, qui sont les plus touchées par la crise climatique, mais qui n’en sont en aucun cas responsables», explique Delia Berner, experte de politique climatique chez Alliance Sud. et de tacler aussi la Suisse.

«Le Conseiller fédéral Rösti a soutenu à Dubaï, au nom de la Suisse, l’exigence d’une sortie des énergies fossiles d’ici 2050. Le Conseil national doit joindre l’acte à la parole lors de l’examen de la loi sur le CO2 la semaine prochaine (où sera discuté la politique climatique après 2024, ndlr). Le projet de réaliser plus de la moitié des efforts supplémentaires d’ici 2030 en compensation à l’étranger n’est pas digne de la riche Suisse», souligne Alliance Sud.

Les résultats de la conférence sont également insuffisants en ce qui concerne l’adaptation aux effets du réchauffement climatique. «Pour que les pays les plus pauvres et les plus vulnérables puissent s’adapter aux conséquences négatives du réchauffement de la planète, le financement de l’adaptation par les pays industrialisés doit être doublé et le fonds d’adaptation renforcé», clarifie Christina Aebischer, experte d’Helvetas et observatrice sur place. Le financement de l’adaptation devrait provenir de fonds publics et être basé sur des dons et non sur des crédits.

Pour sa part, Amnesty dénonce aussi les restrictions imposées par les Émirats arabes unis au droit de manifestation. «Les restrictions imposées à l’espace civique lors de ce sommet ont jeté une ombre sur la capacité de la société civile à dire librement la vérité au pouvoir en place. Des leçons doivent être tirées et des mesures mises en œuvre pour mieux protéger la liberté d’expression et de réunion pacifique lors des prochaines COP», a déclaré Ann Harrison. Prochaine épisode, la COP 29…en Azerbaïdjan.