Bilan positif du président colombien, Gustavo Petro

International • De passage à Genève avant la fête de l’Humanité, Zabier Hernandez, directeur du journal du PC colombien, Voz, fondé en 1957, a fait un bilan des avancées sociales après une année de présidence de gauche de Gustavo Petro.

Le gouvernement comprend plusieurs ministres communistes, ce qui réjouit Zavier Hernandez.(Danae Sandino)

Que retenez-vous de l’action du président Gustavo Petro ?

Zavier Hernandez Premièrement, son action pour entamer une transition écologique vers une économie décarbonée. En février, Gustavo Petro a suspendu l’octroi de toute nouvelle concession d’exploration et d’exploitation gazière et pétrolière, ce qui a conduit la droite à prétendre que nous allions arrêter toute production. Ce qui est faux : les anciennes concessions seront conduites à terme. Le gouvernement a aussi mis en place une réforme des retraites nommée « Changements pour la vieillesse » avec une pension à hauteur d’un demi salaire minimum (qui se monte à environ 300 euros, ndlr) pour les 2,5 millions de seniors, qui n’ont aucune retraite et n’avaient jamais cotisé.

Plus généralement et malgré une absence de majorité au Congrès, l’objectif est de déprivatiser le système des retraites, gérées actuellement par des capitaux vautours internationaux, en créant un système de meilleure répartition solidaire entre classes aisées et ceux qui n’ont rien. Un projet de réforme de la santé publique malmenée et privatisée par les présidences d’Alvaro Uribe, Juan Manuel Santos et Ivan Duque est une autre priorité.

Nous voulons l’étendre aux zones rurales où il n’a aucune infrastructure de santé, notamment pour les personnes victimes de mines anti-personnelles. Ajoutons aussi que la ministre du travail, Gloria Ines Ramirez (PCC), développe une politique d’égalité salariale. Des maisons de santé pour un accueil gratuit des enfants et prodiguant des conseils en matière sexuelle et de reproduction ont été installées par quartiers.

Quelle est la position du gouvernement sur la cocaïne ?

Attaquer l’offre conduit à augmenter le prix du produit et génère des gains énormes, qui finissent dans les paradis fiscaux pour les narcotrafiquants et les politiciens qui les soutiennent. Pour nous, et dans l’esprit des Accords de paix de la Havane, article 3, il importe d’offrir des alternatives aux cultivateurs. La première est de distribuer des terres aux paysans. Le gouvernement de Petro a déjà octroyé 1,5 million d’hectares et l’objectif est d’atteindre 8 millions dans les prochaines années. Une partie de celles-ci a été confisquée aux trafiquants, l’autre achetée aux propriétaires fonciers.
La seconde solution a été de favoriser des crédits sans intérêt aux cultivateurs, des machines et de la technologie. Au-delà de la culture ancestrale de la feuille de coca, celle-ci a aussi un usage industriel dans la cosmétique, l’alimentaire ou la médecine. Le gouvernement a donc décidé d’en racheter pour développer une industrie de produits légaux. Une action en santé publique est aussi conduite avec les toxicomanes, sachant que la consommation de drogue a toujours été interdite dans notre pays. Dernier point, la négociation avec les Etats-Unis pour lutter contre le trafic international. Le gouvernement essaie de développer une politique intégrale pour les paysans, en mettant en avant la transformation locale pour une valeur ajoutée des produits agricoles.

Quelles sont les autres avancées écologiques et sociales ?

En octobre 2022, Gustavo Petro a signé les accords d’Escazu, premier grand pacte environnemental d’Amérique latine et des Caraïbes, ce qui contribuera à mieux protéger les militants écologistes. Chaque année, 30 % des leaders sociaux assassinés proviennent de ce secteur. Il faut savoir que certains militaires continuent à obéir à Alvaro Uribe, malgré la nomination des nouveaux généraux « propres » et démocrates. Le gouvernement a aussi réussi à baisser l’inflation de 12,5 % à 9,5 %, à créer 1,5 millions d’emplois. Tout cela a contribué à favoriser la balance commerciale du pays, à baisser le paiement des intérêts de la dette extérieure, permettant des investissements sociaux.