Le compte instagram de Voix Populaire a été supprimé et nous ne connaissons pas la raison précise de notre bannissement. Pourtant, notre journal n’a jamais publié de contenu ne respectant pas la loi, que ce soit des contenus haineux ou en transmettant des informations erronées.
Une liberté d’expression menacée
La facilité avec laquelle Instagram peut bannir des comptes questionne l’état de notre démocratie, puisqu’un élément aussi important que les réseaux sociaux ne sont pas sous contrôle public, mais sous celui d’une multinationale étasunienne. La liberté d’expression n’est ainsi pas garantie puisque Instagram peut simplement supprimer un compte sans donner d’explications. Pour l’heure, rien ne permet de contredire le fait que Voix Populaire s’est fait supprimer son compte pour son soutien à la Palestine, ou pour ses critiques envers la multinationale elle-même. En plus des suppressions, Instagram possède beaucoup d’outils permettant de tordre la liberté d’expression, par exemple de mettre en avant certains contenus plutôt que d’autres. Ainsi, « l’algorithme d’Instagram » peut de manière presque invisible promouvoir certains courants de pensés, et avoir ainsi un agenda politique.
Voix Populaire n’est pas le seul compte victime d’Instagram. Régulièrement, des comptes féministes dénoncent des bannissements ou des suppressions de compte sans qu’Instagram ne fournisse de raison. Pour appréhender la raison, il est nécessaire de comprendre qui sont les vrais clients d’Instagram. Ce ne sont pas les utilisateurs (puisque le service est gratuit), mais les marques qui font de la publicité. Ainsi, pour éviter de se fâcher avec les annonceurs, Instagram va limiter au maximum tous les sujets clivants, comme la politique en général. Dans ce cas, Instagram ne cherche pas à imposer une pensée, mais à accroître son profit en choisissant le contenu qui permet d’augmenter les revenus publicitaires. Cela suit la même logique que la télévision qui choisit son programme afin de maximiser l’efficacité des pauses publicité.
De plus, Instagram fonctionne avec le moins d’employés possibles, donc une grande partie de sa modération est traitée par un robot qui aura ses failles. Pour éviter de prendre des risques, Instagram préférera sanctionner, surtout si cela touche des petits comptes qui ne pourront répliquer.
Une législation suisse lacunaire
Alors que le manque de transparence de ces plateformes est souvent dénoncé, la Suisse peine à offrir une législation à la hauteur de l’enjeu. En avril 2023, le Conseil fédéral avait chargé le Département fédéral de la communication (DETEC) d’élaborer un projet de loi reprenant le droit européen. L’idée était de renforcer les droits des utilisateurs en Suisse et de renforcer la transparence des multinationales du numérique. Le projet était d’abord prévu pour fin mars 2024, mais est finalement repoussé à l’automne en raison de ses complications juridiques.