Coup sur coup, deux médias genevois ont révélé l’engagement de deux beaux-fils de la nouvelle compagne du dirigeant, de la femme de l’un d’eux et d’un neveu. De quoi susciter des soupçons de népotisme ou de favoritisme à l’engagement dans tout le Landerneau du bout du lac. Autant dire que la conférence de presse du président du CA des SIG, Robert Cramer, était attendue. Tout en annonçant que Christian Brunier, ancien président du PS genevois, était profondément blessé par ces soupçons, l’ancien conseiller d’Etat écologiste a annoncé que l’intéressé démissionnait au 30 avril. Celui-ci avait déjà émis cette demande de partir en retraite anticipée avant même les révélations de la presse.
«Favoriser un proche est une chose sérieuse. Si cette pratique est avérée, elle est problématique pour l’entreprise et nous entendons faire toute la lumière pour connaître la vérité». Un audit sera lancé pour savoir si les procédure de recrutement des SIG sont adaptées ou à améliorer et si elles ont été respectées dans les cas médiatisés. Directeur exécutif des Relations Humaines, Robert Monin a rappelé qu’en 2008-2009, un contrat temporaire de la femme de Christian Brunier n’avait pas été prolongé quand celui-ci était devenu directeur général et ce, sur sa demande. Un élément plaidant plutôt pour la bonne foi et l’intégrité de l’électricien.
«Dans le contexte actuel où ma personne fait l’objet de multiples remises en cause médiatiques, je ne peux pas tolérer que cela puisse fragiliser une entreprise dont j’ai franchi les portes en tant qu’apprenti il y a 45 ans…Les SIG, c’est ma vie! Je ne laisserai personne, y compris moi-même, quelles que soient les critiques qui me ciblent, mettre en danger le contrat de confiance que les SIG ont avec la population genevoise», a aussi fait savoir Christian Brunier par lettre au CA.
Remboursement du trop-perçu
Pour le reste, un autre audit sera lancé, à la charge de Mathias Finger, professeur émérite de l’EPFL en politique des réseaux, sur les tarifs des SIG. «On peut peut-être s’améliorer, mais nos tarifs sont les moins chers de Suisse en milieux urbains, alors que nous étions au milieux du classement il y a quelques années», a précisé Robert Cramer. Cette investigation fait suite à un récent rapport de la Cour des comptes, qui faisait état d’une surfacturation de 22 millions auprès des clients entre 2008 et 2022. Des montants qui seront remboursés en juillet. Pour un ménage, la remise sera d’environ 20 francs et d’une centaine pour les PME selon leur consommation.
Un audit administratif interne est aussi prévu pour enquêter sur l’accueil fait par les SIG à la Cour des comptes, qui s’est plainte d’un climat «tendu». «Le mandat concernera tous les collaborateurs», a insisté Robert Cramer.
Le président du Conseil administration a tenu aussi à parler des défis qui attendent la régie. D’ici 2030, Genève devra faire de gros efforts en matière de réduction d’émissions de gaz à effets de serre. «Sachant que deux-tiers de celles-ci sont liées au chauffage, ce défi est énorme», a expliqué Robert Cramer. Il sera notamment prévu d’implanter tout un système sous-terrain de tuyaux, ce que l’on appelle des réseaux thermiques structurants pour acheminer de l’énergie de chauffage propre. Dotés de 1’700 employés, les SIG devront aussi renouveler son personnel, dont moitié va partir à la retraite. Pour Robert Cramer et Robert Monin, outre les compétences techniques, le savoir-être doit être favorisé, de même que la proximité dans les engagements.